Madagascar
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Tout va bien à Madagascar ! N’est-ce pas ?

mai 22, 2024
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Tout va bien à Madagascar ! N’est-ce pas ?

Bienvenue dans le doux paradis de Madagascar, l’Île de Rêve où tout n’est que paix et sérénité ! Dans ces contrées de carte postale aux paysages à couper le souffle, la vie n’est qu’un long fleuve tranquille rythmé par les rires des enfants. Ici, aucun problème, aucun tracas, juste l’insouciance permanente ! Un petit coin de paradis perdu, préservé de tous les maux de la Terre…En réalité, c’est plutôt l’enfer sur cette île merveilleuse ! Une véritable descente aux enfers que nous vous proposons de découvrir sous un jour plus réaliste.

 

La gouvernance : un chef-d’œuvre d’incompétence

Commençons par les autorités de cette si charmante nation. Un véritable modèle de bonne gouvernance, n’est-ce pas ? Où la probité et l’intérêt général trônent en maîtres incontestés ! Voyez par exemple comme ce régime vertueux lutte avec la dernière énergie contre la corruption endémique qui ronge le pays…Ou plutôt non, excusez-nous : voyez plutôt comme ces dirigeants véreux se goinfrent allégrement sur les deniers publics !

Car oui, ici le détournement de fonds relève du sport national. Des ponctions régulières dans les caisses pour entretenir le petit train de vie des grands seigneurs du régime. Quant aux réels enjeux d’avenir du pays, comme l’éducation par exemple, il n’en est rien de bien concret à se mettre sous la dent. Quel besoin d’écoles quand les places au soleil sont déjà distribuées d’avance ?

 

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Des routes dignes d’un rallye automobile

Passons maintenant aux infrastructures routières de ce havre de paix. Un vrai bonheur pour les amateurs de conduite sportive ! Vous rêvez de prendre part à un rallye automobile digne des plus grands défis mondiaux ? Laissez-nous vous présenter les routes malgaches, un incroyable terrain de jeu pour assouvir toutes vos pulsions de pilote !!!

Nids-de-poule, ralentisseurs, tunnels crevasses… Tout y est pour se croire en plein Paris-Dakar ou Camel Trophy ! Un vrai bonheur pour vos amortisseurs si vous y ajoutez les animaux de la brousse venues brouter quelques verdures au beau milieu de la chaussée. Mais quelle aventure aussi pour les paysans devant convoyer leurs récoltes dans un tel enfer bitumé !

Avec de telles routes impraticables, propices aux crevasses de pneus et autres avaries mécaniques, il va sans dire que l’économie locale s’en trouve quelque peu asphyxiée. Sans compter le problème criant de la sécurité alimentaire avec ces denrées périssables immobilisées des jours durant avant d’atteindre les marchés.  Mais que voulez-vous, priorité au loisir automobile pour les décideurs de ce beau pays !

 

Un peuple affamé : le luxe de la viande

Vous pensiez peut-être que faim et malnutrition n’étaient que des concepts abstraits dans ce havre insulaire ? Détrompez-vous ! Dans ce petit coin de paradis tropical, prendre un bon casse-croûte relève bel et bien du parcours du combattant pour une bonne partie de la population.

Avec l’appauvrissement généralisé, les denrées les plus basiques sont devenues d’inaccessibles luxes. Exemple parfait, la viande n’est désormais plus l’apanage que des porte-monnaie les plus garnies ! Pour la plupart des familles, se payer la moindre tranche de bœuf ou de poulet demeure un rêve bien trop cher à concrétiser. Une aberration dans ce terreau fertile, dont les plaines verdoyantes promettent pourtant de succulents élevages…

Mais dans ces contrées où l’insécurité alimentaire gagne du terrain, les régimes des plus démunis se résument à l’essentiel, quand ils ne virent pas à la famine chronique ! Une situation alarmante qui n’épargne même plus les plus vulnérables, avec des risques mortels de malnutrition aiguë chez les nourrissons.

 

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L’insécurité : un climat de peur permanent

Et que dire du petit chassé-croisé permanent avec tous ces quidams au visage désespéré qui jalonnent les villes et les routes ? Des silhouettes patibulaires aux allures de road-movies particulièrement flippantes, qui devraient alerter sur l’insécurité galopante dans ce pays béni des dieux.

Ah ces petits grapillages de « dahalo » insouciants, toujours là au détour d’un chemin pour vous soulager de quelques kilos superflus ! Bijoux, récoltes, matériel… Tout y passe dans un joyeux désordre, pendant que les forces de l’ordre contemplent le spectacle d’un œil mi-amusé, mi-résigné. Certains ont même la berlue de croire que ces compères au grand cœur ne cherchent qu’à « emprunter » quelques babioles. Enfoncez-vous cette petite plaisanterie derrière l’oreille, quitte à y rejoindre un de ces daubes de ferraille en cours de route !

 

Les ressources naturelles : un pillage en plein jour

Mais ce ne sont pas quelques larcins de pacotille qui décourageraient la grande razzia qui sévit depuis belle lurette dans ce pays ! Car les vrais pilleurs, des mafias, les gros bras bien décidés à se gaver, évoluent à un tout autre niveau.

Ici, ce sont les ressources naturelles elles-mêmes qui partent en fumée. Quelle que soit leur forme : animaux endémiques, bois précieux, précieux métaux ou pierres rares… Les rafles se suivent et se ressemblent, laissant de vastes territoires naturels complètement dévastés sur leur passage.

Prétendument sous surveillance des autorités, ces richesses fonds en réalité la source de tous les trafics illégaux. Une débandade générale qui voit circuler sous le nez et la barbe des dirigeants de véritables cargaisons de ce précieux « or vert » ou gemmes convoitées.

Car oui, qui d’autre que ces hauts dignitaires pourraient bien orchestrer un tel pillage à ciel ouvert de ce joyau naturel dont ils se gargarisent tant ? Des négociants en déni vert qui appauvrissent ce territoire pour mieux s’en gaver.

 

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Eau et électricité : des denrées rares

On pourrait presque se croire revenu à l’âge de pierre dans ce petit coin de paradis ! Les commodités les plus basiques se font en effet aussi rares que l’once de bon sens chez les décideurs du régime.

Ainsi, l’eau potable vous la voyez surtout couler au compte-goutte dans les robinets des foyers tananariviens. Quand elle ne déserte pas totalement les canalisations pendant des jours, obligeant ces braves gens à arpenter des kilomètres pour se ravitailler aux bornes-fontaines !

Une véritable épopée quotidienne à la recherche de cette source de vie pourtant si primordiale. Vous pensiez peut-être que l’électricité arrangerait les choses ? Que nenni ! Cette autre denrée de première nécessité se fait elle aussi capricieuse, au grand dam des irréductibles téléspectateurs de cet Éden.

Entre les coupures aléatoires de la JIRAMA qui vous replongent dans le noir des âges, et les délestages intempestifs histoire de vous rafraîchir quelque peu la courante électrique, on se demande bien ce qui reste des avancées du progrès dans la si charmante Grande Île !

 

La résilience du peuple : une arme à double tranchant

Mais qu’à cela ne tienne ! Les Malgaches sont des modèles de résilience face à l’adversité permanente. Sourcils haussés, puis un haussement d’épaules fatalistes, et c’est reparti pour une journée de galère de plus à affronter la dèche ambiante.

Une capacité de résistance admirable pour un pays qui accumule tous les handicaps. Malheureusement, cette abnégation finit aussi par confiner à une forme d’accoutumance malsaine, une dangereuse résignation face à l’indignité ambiante.

Car tant qu’une partie du peuple continuera à se complaire dans cette insouciante soumission aux pires dérives, rien ne changera. Il faudra que les Malgaches, dans leur immense majorité, se décident enfin à remiser définitivement cette passivité fataliste pour revendiquer haut et fort leur dû !

Un sursaut patriotique indispensable pour briser ce cycle infernal de la pauvreté, de l’insécurité et de l’humiliation qui gangrène l’Île Rouge depuis trop longtemps.

 

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Tout va mal à Madagascar

« Tout va mal à Madagascar, mais qu’importe, on finira bien par s’y faire ! » Voilà le triste son de cloche qui raisonne en boucle dans ce pays au bord du gouffre. Un aveu de faiblesse et d’abandon que se doivent pourtant de balayer les Malgaches, s’ils veulent arracher leur nation chérie à cette descente aux enfers.

Il est plus que temps de secouer ce fatalisme dévorant pour exiger le changement radical ! Faire enfin de cette Terre de Rêves une réalité pour toutes et tous, dans la dignité et la prospérité retrouvées. Un sursaut vital pour enfin renaître !

 

???? : Retlaw Snellac Photography

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niaina

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