Dans un récent communiqué, la Commission épiscopale Justice et Paix a jeté un regard sombre sur la situation actuelle de Madagascar. Ce texte reflète une prise de position ferme de l’Église catholique sur la crise socio-politique et économique qui secoue le pays. Le message est clair : Madagascar est malade, et les symptômes de cette maladie sont visibles dans tous les aspects de la vie nationale. Notre blog sur Madagascar fait le point.

 

Une économie à l’agonie

Le constat économique dressé par la Commission est alarmant. L’économie du pays est au bord du gouffre, une situation qui n’est un secret pour personne. Pourtant, ce qui frappe, c’est l’absence d’un plan de développement global qui pourrait relancer les différents secteurs en crise. Depuis la Première République, aucun régime n’a su proposer une vision à long terme capable de reconstruire les bases productives du pays. Chaque programme politique se limite à des actions ponctuelles, sans s’attaquer aux racines profondes des problèmes économiques. Le résultat est un appauvrissement généralisé et une dégradation constante de la qualité des produits nationaux.

Par ailleurs, l’insécurité croissante et l’occupation illégale des terres aggravent la situation. Dans de nombreuses régions, la population ne fait plus confiance aux institutions judiciaires, tandis que certains membres des forces de l’ordre sont accusés de violences et d’exécutions extrajudiciaires. Une situation qui traduit une perte totale de repères au sein de la société malgache, comme le souligne la Commission.

 

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Une éducation en déclin

La question de l’éducation, essentielle au développement d’une nation, est également abordée dans ce communiqué. Selon la Commission, le système éducatif malgache est défaillant. De nombreuses écoles, notamment en milieu rural, ont fermé leurs portes, et les jeunes diplômés peinent à trouver un emploi. En plus d’une éducation à deux vitesses, ce manque d’avenir pour les jeunes est inquiétant, car il compromet la possibilité d’une relève compétente et dynamique pour le pays.

La dégradation de l’éducation pose une question cruciale : est-ce que l’instruction donnée aux jeunes Malgaches contribue réellement à la construction du pays ? Il est clair, d’après le rapport de la Commission, que sans réforme rapide et profonde du secteur éducatif, Madagascar court à sa perte. Les jeunes, confrontés à un chômage massif, n’ont plus confiance en leur avenir, et cette désillusion se répand dans toute la société.

 

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Corruption généralisée et destruction de l’environnement

L’un des aspects les plus dénoncés dans ce rapport est la corruption qui gangrène tous les niveaux de la société. La corruption est devenue un mode de vie, selon la Commission, rendant presque impossible l’idée même d’éradication. Cela va des fraudes dans les services publics aux collusions entre les autorités locales et des réseaux mafieux. Ce fléau met en péril non seulement la gouvernance du pays mais aussi la protection des droits fondamentaux des citoyens.

En parallèle, la dégradation de l’environnement est un autre problème majeur pointé du doigt. Les feux de brousse et l’exploitation non réglementée des ressources naturelles ont dévasté de vastes étendues de forêts, accélérant le changement climatique. Ce désastre écologique affecte directement la population, notamment les communautés rurales qui dépendent des ressources naturelles pour leur subsistance. Le pays, autrefois riche en biodiversité, se dirige lentement mais sûrement vers une catastrophe environnementale irréversible.

 

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Un appel à la responsabilité politique

La Commission épiscopale ne se contente pas de critiquer la situation actuelle. Elle appelle également à une prise de conscience et à un engagement sincère de la part des responsables politiques. Pour la Commission, faire de la politique signifie servir le peuple, et non rechercher ses intérêts personnels ou ceux de son clan. Cet appel est un rappel direct aux autorités que la politique est avant tout un service public et qu’il est de leur devoir d’améliorer la condition de vie des Malgaches.

À l’approche des élections municipales, la Commission exhorte les électeurs à exercer leur droit de vote de manière responsable. Elle demande aux candidats de ne pas profiter de la pauvreté du peuple pour gagner des voix, mais plutôt de se concentrer sur des solutions concrètes pour sortir le pays de la crise.

 

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Madagascar : Une nation à reconstruire

Le message de la Commission épiscopale Justice et Paix est sans équivoque : Madagascar est en train de sombrer dans une crise profonde, et seule une réforme en profondeur de la politique, de l’économie, de l’éducation et de la gestion de l’environnement pourra sauver le pays. Ce communiqué est un appel à la responsabilité collective, où chaque citoyen et chaque acteur public a un rôle à jouer dans la reconstruction d’une nation qui, pour l’heure, semble avoir perdu ses repères et ses valeurs.

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