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Dossier

Les bonnes raisons de ne pas travailler dans un call center à Madagascar

Véritable bras armé de la relation client à l’heure du digital, les call centers font aujourd’hui figure d’eldorado pour de nombreux jeunes en quête d’un emploi stable. Mais derrière les promesses d’une porte d’entrée vers le monde professionnel, la réalité semble bien loin des affichages de ces mastodontes du service déshumanisé.

À Madagascar plus qu’ailleurs, le contraste apparaît saisissant entre l’attrait de ces emplois et les dérives d’un secteur gangrené par les dérives. Tandis que des milliers de personnes rêvent d’intégrer ces centres d’appels pour fuir la précarité, de nombreux témoignages dénoncent désormais un véritable cauchemar au quotidien. Pressions inhumaines, humiliations à répétition, risques de harcèlement… Le revers de la relation client à tout prix semble bien amer.

 

Call center à Madagascar : Des cadences infernales et une liberté bridée

Dès les premiers jours, la désillusion frappe de plein fouet les nouveaux embauchés dans ces call centers malgaches. Exit les discours lénifiants sur l’épanouissement au travail : la réalité se résume à un impitoyable harcèlement aux objectifs de productivité. Peu importe le contexte, la situation ou le cas particulier de chaque client au bout du fil, les agents se voient soumis à des cadences infernales.

Des objectifs souvent totalement inatteignables qui viennent s’ajouter à un régime pour le moins autoritaire. Interdiction de se lever sans autorisation, temps de pause aux toilettes chronométré, portable banni du plateau… la liberté individuelle est constamment bridée en ces lieux de production sous très haute pression.

Un véritable management par la terreur qui laisse finalement peu de place à l’empathie et l’écoute, pourtant prônées dans les discours marketing. Pis, cette chasse aux stats permanente s’accompagne souvent de pratiques de harcèlement moral insidieuses, mais bien réelles. Humiliations publiques pour les moins performants, violences verbales et menaces à peine voilées… Un quotidien dégradant et anxiogène vécu comme une forme d’esclavage moderne par bien des plaignants.

 

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Harcèlement sexuel et risques sécuritaires omniprésents

Mais les call centers à Madagascar ne sont pas qu’un terreau fertile pour les abus managériaux. Ils constituent aussi un véritable coupe-gorge pour les plus vulnérables, en particulier les jeunes femmes. Car derrière les murs se cachent quantité de prédateurs n’hésitant pas à faire du harcèlement sexuel une arme de soumission.

Malgré un cadre légal censé protéger les victimes, cette réalité sordide demeure une gangrène dans de nombreux sites. Chantage aux faveurs sexuelles pour décrocher un poste ou une promotion, agressions verbales à caractère dégradant, allusions graveleuses répétées… Un déferlement d’actes odieux en totale impunité, cautionné par une chape de silence pesante.

Comme si cela ne suffisait pas, ces lieux illustrent aussi les dures réalités sécuritaires du pays. Avec leurs horaires décalés calqués sur l’Occident, les agents en service de nuit s’exposent à de nombreux dangers en rentrant chez eux aux aubettes. Un risque trop souvent négligé par des directions oublieuses des obligations de protection de leurs salariés.

 

Call center à Madagascar : Des conditions de travail précaires et un manque de considération

L’obsession du profit semble également avoir érigé les plus basses pratiques en normes dans ces usines à la chaîne de la relation client. Les horaires dans les centres d’appel malgaches sont tout simplement insoutenables sur le long terme, avec très peu de congés accordés. Quitte à sacrifier toute vie sociale ou familiale sur l’autel d’une productivité frénétique.

Mais les agents doivent en plus bien souvent composer avec des infrastructures et équipements parfois vétustes, des conditions d’hygiène déplorables ou encore une qualité de restauration déshonorante. Un mépris total des conditions décentes de travail qui n’a d’égal que le traitement de faveur réservé aux cadres supérieurs.

Car dans ces univers régis par l’arbitraire, le clivage entre les statuts se fait rapidement sentir. Bureaux exigus pour les uns, espaces de travail design pour les autres ; cantines insalubres pour la plèbe, restaurants huppés pour l’aristocratie managériale… Au sein des call centers à Madagascar, la dignité humaine n’y aurait définitivement pas sa place et seule semble compter l’optique du rendement maximal.

 

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Un turn-over massif dans les centres d’appel malgaches : Annonciateur d’un ras-le-bol généralisé ?

Face à ce déferlement de dérives et de conditions de travail ubuesques dans les call center à Madagascar, difficile pour de nombreux employés de tenir le choc sur la longueur. Résultat, les démissions en cascade et le turn-over massif deviennent la norme dans ces centres d’appel malgaches. Un véritable ras-le-bol qui ne dit pas son nom.

Et pour cause, sous les effets cumulés du stress permanent, du mépris ambiant et des humiliations à répétition, l’épuisement professionnel guette bien vite. Celui-ci n’épargne ni les vétérans, ni les jeunes recrues venues pourtant l’âme pleine d’espoir de décrocher enfin un job.

Mais la véritable hécatombe se joue davantage sur un autre front : celui de la santé mentale. Car dans ces usines à burn-out et à dépressions, la souffrance psychologique devient rapidement la norme dès lors qu’on dépasse les portes de ces prisons de verre.

Un mal invisible et pourtant criant qui ne cesse de gagner du terrain, porteur de nombreux arrêts maladie et autres mises en invalidité précoces. Un terrible prix à payer pour bon nombre d’agents, contraints de sacrifier leur équilibre pour un salaire qui ne tient même pas jusqu’à la fin du mois.

Des emplois certes, mais au prix de quels sacrifices pour la dignité ?

Alors certes, ces entreprises offrent des emplois dans un pays en proie au chômage de masse. Mais à quel prix pour la dignité et le respect élémentaire de la personne humaine ? Que penser de cette maltraitance instituée dans les call center à Madagascar, indigne d’un Etat de droit qui se respecte ?

Car au-delà du scandale, c’est tout un système qui semble s’être perverti dans ces lieux autrefois destinés à l’écoute bienveillante des clients. Du burn-out généralisé au harcèlement sexuel en passant par les cadences infernales et les humiliations, tout concourt à faire de ces boîtes de véritables mouroirs sociaux et psychologiques.

Un ras-le-bol général qui ne cesse de gagner du terrain et qui devrait, à terme, pousser les autorités à agir. Car dans une société qui se veut moderne et respectueuse des libertés individuelles, de tels dévoiements ne sauraient perdurer indéfiniment. N’est-ce pas ?

niaina
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