Imaginez un instant. Vous vous préparez pour un entretien d’embauche important. Votre CV est impeccable, vos compétences sont au top. Mais en vous regardant dans le miroir, une pensée vous traverse l’esprit : « Et si mes cheveux me coûtaient ce job ? »

Pour beaucoup de Malgaches, ce scénario n’a rien d’imaginaire. C’est une réalité quotidienne, pesante, injuste. La discrimination capillaire à Madagascar, c’est ce petit truc qui vous ronge de l’intérieur, qui vous fait douter de vous-même, qui vous pousse à changer qui vous êtes vraiment.

Mais d’où vient cette obsession pour les cheveux lisses ? Pourquoi les cheveux afro sont-ils encore vus d’un mauvais œil dans certains milieux ? Et surtout, comment on en sort ?

 

Des racines profondément ancrées

Remontons un peu le temps. À l’époque de l’esclavage à Madagascar (oui, ça a existé), la texture des cheveux était un vrai marqueur social. Cheveux lisses ? Vous étiez du bon côté de la barrière. Cheveux curly ? Pas de bol, vous étiez probablement considéré comme inférieur, des « andevo » ou esclaves.

On pourrait se dire : « Bah, c’est de l’histoire ancienne tout ça ! » Eh bien, pas vraiment. Ces vieilles idées ont la vie dure. Elles se sont glissées dans nos têtes, dans notre culture, comme un virus qui mute et s’adapte au fil du temps.

Aujourd’hui, on ne parle plus ouvertement d’esclaves et de maîtres. Mais on entend encore des trucs du genre : « Tes cheveux ne font pas professionnel« , « Tu devrais les lisser pour le mariage« , ou pire, « Dieu préfère les cheveux lisses« . Sérieux ? Depuis quand Dieu a des préférences capillaires ?

 

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Le prix de la « normalité« 

Face à cette pression, beaucoup craquent. Des femmes dépensent des fortunes en produits défrisants, se brûlent le cuir chevelu, tout ça pour quoi ? Pour ressembler à une version d’elles-mêmes qui n’existe pas vraiment.

Et les hommes dans tout ça ? Ils ne sont pas épargnés. Un gars avec des dreadlocks ? Forcément un fumeur de joint, un marginal. Des cheveux colorés ? Un rebelle, pas fiable pour un boulot sérieux. Ces préjugés, ça peut vraiment pourrir une carrière, des études, une vie sociale.

Le pire dans tout ça ? C’est qu’on finit par se convaincre que c’est normal. Qu’on doit changer pour être accepté. Mais à quel prix ? Perdre son identité ? Sa confiance en soi ? Sa santé même ?

 

Une brise de changement

Mais attention, le vent tourne. Doucement, certes, mais il tourne. Des mouvements comme « Curly Aho » commencent à faire du bruit. Ils disent : « Hé, tes cheveux naturels, ils sont beaux. T’as pas à les cacher. » Et ça, c’est révolutionnaire.

On voit de plus en plus de malgaches hommes ou femmes assumer leurs cheveux au naturel. Dans la rue, sur les réseaux sociaux, même à la télé parfois. Chaque boucle fièrement arborée, c’est un petit acte de résistance. C’est dire : « Je suis moi, et c’est très bien comme ça. »

 

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Une loi pour les cheveux ? Sérieux ?

Aux États-Unis, ils ont une loi qui s’appelle le CROWN Act. En gros, c’est une loi qui dit : « Pas touche aux cheveux des gens. Point. » Ça protège contre la discrimination basée sur la texture ou le style des cheveux.

Et si on faisait pareil à Madagascar ? Imaginez un peu. Vous pourriez aller travailler avec vos tresses, vos locks, vos cheveux afro, sans avoir peur de vous faire virer ou de rater une promotion. Ça serait pas mal, non ?

Bien sûr, une loi ne va pas tout régler d’un coup de baguette magique. Les mentalités, ça prend du temps à changer. Mais ça serait un sacré bon début.

 

Changer les mentalités, un cheveu à la fois

Alors, comment on s’y prend pour vraiment changer les choses ?

D’abord, l’éducation. Faut parler de ça dans les écoles. Montrer aux enfants que tous les types de cheveux sont beaux. Qu’on peut être pro, intelligent, beau, réussi, avec n’importe quelle texture de cheveux.

Ensuite, les médias. On a besoin de voir plus de diversité à la télé, dans les pubs, partout. Des cheveux curly, des cheveux colorés, des coiffures traditionnelles, des dreadlocks… Tout ça, c’est Madagascar aussi.

Et puis, dans le milieu professionnel. Les patrons, les RH, ils doivent comprendre que les cheveux, ça n’a rien à voir avec les compétences. Un bon employé, c’est un bon employé, point barre. Qu’il ait les cheveux lisses comme un laser ou crépus comme un mouton.

 

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À vous de jouer

La discrimination capillaire à Madagascar, ce n’est pas juste un problème de cheveux. C’est un symptôme d’un mal plus profond. C’est sur l’identité, la culture, le respect de soi et des autres.

Alors, on fait quoi ? On peut commencer petit. La prochaine fois que vous voyez quelqu’un avec une coiffure naturelle, souriez. Faites un compliment. Ça ne coûte rien et ça peut faire toute la différence.

Si vous êtes patron, réfléchissez à vos critères d’embauche. Ils sont vraiment basés sur les compétences, ou y a des préjugés qui se cachent là-dedans ?

Et si vous luttez vous-même avec vos cheveux, essayez peut-être de les laisser naturels, juste pour voir. Ça fait peur au début, mais ça peut être super libérateur.

Le changement, ça commence par des petits pas. Ce n’est pas toujours facile, ce n’est pas toujours rapide. Mais c’est possible. Et franchement, un Madagascar où tout le monde peut être fier de ses cheveux, ça vaut le coup de se battre pour ça, non ?

Alors, prêt à secouer un peu les choses ?

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