En pleine ère du néo-féminisme ou « féminisme 2.0« , une nouvelle tendance fait couler beaucoup d’encre : le « Rage Ritual« . Censé permettre aux femmes d’évacuer leurs colères et leurs frustrations, ce rituel controversé ne cesse de gagner en popularité. Mais derrière les hurlements et les coups de bâton, ne se cache-t-il pas une forme d’emprise tout aussi aliénante que le patriarcat qu’il prétend combattre ? Ou s’agit-il au contraire d’un véritable outil d’émancipation pour les adeptes du féminisme moderne ?

 

Décryptage du « Rage Ritual » : Libération ou emprise ?

Mais qu’est-ce donc que ce « Rage Ritual » qui fait tant parler de lui ? À mi-chemin entre thérapie de groupe et pratique ésotérique, il consiste en des séances collectives où les participantes sont invitées à exprimer leur colère de manière bruyante et physique. Hurlements, gestes de frappe sur le sol ou contre des objets inanimés : rien n’est censé retenir l’explosion de fureur intérieure promue comme une forme de catharsis libératrice.

Les bienfaits annoncés ? Se réconcilier avec ses émotions, se défaire des injonctions du patriarcat et surtout s’affirmer dans sa féminité en réveillant une forme de « sagesse féminine féroce ». Un remède de cheval contre la masculinité toxique pour certaines. Une entreprise de manipulation mercantile déguisée pour d’autres, qui dénoncent les tarifs exorbitants pratiqués ainsi que l’emprise psychologique exercée sur des femmes en quête de sens. Un débat pour le moins explosif donc, qui cristallise bien des tensions du féminisme 2.0.

 

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Féminisme 2.0 : Entre libération et dérives

Car au fond, le « Rage Ritual » semble incarner à lui seul toute l’ambivalence du néo-féminisme contemporain. D’un côté, ce courant clame haut et fort sa volonté de briser les chaînes patriarcales, de dénoncer les comportements misogynes et de libérer les femmes des stéréotypes oppressants. Une noble quête d’émancipation qui fait écho aux revendications légitimes des féministes de la première heure.

Mais de l’autre, les néo-féministes les plus radicales sont également accusées de verser dans des dérives potentiellement tout aussi dommageables. En diabolisant systématiquement les hommes, en érigeant la colère et la haine des hommes en horizon indépassable, ou en surfant sur une forme de misandrie revendicative, certaines tenantes de ce courant s’éloignent dangereusement d’un idéal d’égalité et de compréhension mutuelle. Le « Rage Ritual » se fait-il le vecteur d’une dérive supplémentaire, ou reste-t-il un exutoire sain ? Le débat fait rage…

 

Pour les féministes 2.0, tout est-il la faute du patriarcat ?

À en croire les plus ardentes activistes du néo-féminisme, le patriarcat serait l’unique racine de tous les maux qui accablent les femmes. Un modèle social millénaire dont les ramifications étoufferaient toute velléité d’émancipation féminine, qu’il faudrait par conséquent éradiquer sans pitié. Un discours pour le moins réducteur qui tend à faire du patriarcat un repoussoir simpliste, un ennemi omniprésent et monolithique.

Certes, nul ne peut nier le poids historique des structures patriarcales dans l’oppression des femmes. Mais n’y a-t-il pas un péché d’angélisme à dédouaner totalement les femmes de toute responsabilité individuelle et collective ? À trop systématiquement tout rejeter sur le bouc émissaire patriarcal, ne passe-t-on pas à côté de réflexions plus profondes sur les ressorts psychologiques et sociaux complexes qui maintiennent l’inégalité des sexes ?

C’est bien cette guerre des postures binaires qui empêche d’avancer. Pour éradiquer durablement la condition féminine, il faudra avoir le courage de bousculer tous les stéréotypes, quelle que soit leur origine. Dépasser les anathèmes de chaque bord pour s’attaquer aux mécanismes insidieux dans toute leur subtilité. Seule une approche dépassionnée et démystifiée pourra déboucher sur des solutions véritablement concrètes et inclusives.

 

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Vers une approche plus nuancée et constructive du féminisme

À trop se regarder en chiens de faïence, féministes et « masculinistes » s’enferment dans un dialogue de sourds contre-productif. Il devient urgent d’adopter une posture plus apaisée, loin des joutes oratoires vindicatives et des gesticulations idéologiques creuses. Une approche résolument centrée sur l’humain dans sa complexité, débarrassée des visions monolithiques rabâchées.

Cela passe d’abord par une analyse fine des situations individuelles, dans leur contexte précis, sans tomber dans les généralisations hâtives. Abandonner les réflexes de diabolisation pour s’intéresser aux trajectoires de vie singulières. Oser comprendre l’Autre, quelles que soient son appartenance ou ses croyances, au risque de se découvrir des similitudes éclairantes.

Ensuite, cette lucidité retrouvée doit nourrir le dialogue. Entre femmes et hommes certes, mais aussi entre toutes les composantes de la société civile, pour briser les stéréotypes et les préjugés mortifères. Un véritable espace d’écoute et de compréhension mutuelle, sans lequel aucune avancée durable ne sera possible.

Et c’est armé de ce bagage que l’on pourra enfin soutenir des actions vraiment concrètes vers l’égalité. Des réformes ambitieuses bien sûr, mais aussi une pédagogie patiente au long cours pour déconstruire nos visions étriquées. Bâtir pas à pas cette société plurielle, inclusive et respectueuse où chacune, chacun pourra s’épanouir dignement.

 

La voie de la nuance pour émanciper les femmes

Le « Rage Ritual » restera-t-il ce feu de paille émancipateur pour certaines, ou cette mascarade mercantile pour d’autres ? Peu importe au fond, car réduire le débat à ce seul enjeu serait bien réducteur. Ce qui importe, c’est d’emprunter la voie de la nuance et de l’apaisement pour se défaire réellement des vieux dogmes entravants.

En reconnaissant la pluralité des expériences humaines. En favorisant un dialogue authentique au-delà des postures de sourd. En soutenant des actions inclusives, loin de la gesticulation creuse. Voilà les seules clés durables pour permettre aux femmes de s’affranchir enfin des carcans aliénants, qu’ils viennent du patriarcat comme du féminisme 2.0 le plus radical.

La voie est ardue mais elle vaut d’être poursuivie sans relâche. Car c’est dans cet espace de nuance respectueuse que pourra enfin naître une réelle émancipation de toutes et tous, femmes et hommes, au-delà des vieilles colères mortifères et des visions étriquées. Une promesse d’Humanité retrouvée, tout simplement.

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