Dans tout État démocratique digne de ce nom, les lanceurs d’alerte jouent un rôle crucial de vigie citoyenne. En signalant les malversations, les dérives et les méfaits dont ils sont les témoins, ces vigiles de l’ombre exercent une mission de contre-pouvoir indispensable pour garantir la transparence et l’intégrité du système. Une responsabilité qui incombe à tous puisque, par définition, chaque citoyen représente un potentiel lanceur d’alerte.

Mais à Madagascar, ces sentinelles de la liberté d’expression et du droit à l’information publique subissent un véritable cas de force. Un inquiétant musellement du sommet de l’État.

 

Dénonciateurs d’illégalités cruciales pour la nation

Qu’il s’agisse de scandales de corruptions dévoilés, de trafics mafieux stoppés ou encore de catastrophes environnementales évitées, les apports des courageux lanceurs d’alerte à Madagascar représentent un trésor civique à eux seuls. Par leurs révélations, ces citoyens engagés permettent de briser les lois du silence autour des pires dérives qui menacent l’intérêt général.

On se souvient des dénonciateurs qui ont réussi à faire cesser les pires trafics de bois de rose et de bois précieux dans les aires naturelles protégées. Autant d’actes de bravoure civique pour lesquels ces lanceurs d’alerte payent un lourd tribut. Nous nous souvenons aussi de Ninie Doniah qui a dénoncé l’accaparement illicite de terrains à Nosy Be.

 

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Une menace pour les intérêts mafieux

Car à Madagascar, rares sont les cas où les autorités ont réellement pris fait et cause pour ces lanceurs d’alerte qui, pourtant, ne font qu’exercer leur droit légitime. Au contraire, de plus en plus d’entre eux subissent un véritable tour de vis sécuritaire et judiciaire orchestré par les réseaux mafieux bien implantés au cœur de la machine étatique.

Menaces, intimidations en tout genre, pressions psychologiques… Le lot des représailles visant à les réduire au silence est connu. Mais la dernière tendance consiste à instrumentaliser une justice aux ordres pour les coffrer sur la base d’accusations mensongères. De simples prétextes pour les faire taire définitivement !

Dernier cas en date : le militant environnemental Thomas Razafindremaka condamné à 2 ans ferme pour « escroquerie ». Un camouflet judiciaire orchestré par un système qui ne supporte plus les dénonciateurs de ses propres turpitudes.

 

Un levier démocratique bâillonné

En bridant ainsi la voix des lanceurs d’alerte à Madagascar, ce sont les fondements mêmes de la liberté d’expression et du droit à l’information qui se trouvent piétinés. Comment peut-on encore prétendre vivre dans un véritable État démocratique quand on emprisonne ceux qui osent dénoncer les manquements du système ?

Cette omerta imposée représente une grave dérive en totale contradiction avec les aspirations de transparence censées animer un pouvoir vertueux. Une entrave manifeste à l’intérêt général, symptôme criant d’une gouvernance aux abois qui préfère museler ses contradicteurs plutôt que de se réformer.

Au cœur de l’écueil : la mainmise délétère des réseaux de corruption sur la justice malgache, désormais instrumentalisée pour faire taire à tout prix. Une justice dévoyée en véritable arme de censure brandie contre ceux qui en révèlent crûment les turpitudes.

 

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Défendre le statut de lanceur d’alerte, un enjeu citoyen vital

Face à cette crise démocratique sans précédent, il devient urgent de réaffirmer l’importance cardinale des lanceurs d’alerte dans une société vertueuse. Ces citoyens courageux, loin d’être des fauteurs de troubles comme le prétendent leurs détracteurs, constituent au contraire le sel et l’huile à moteur d’un système sain.

C’est pourquoi de nombreuses voix réclament désormais l’instauration d’un cadre juridique robuste pour consacrer et protéger leur statut. L’adoption d’une loi dédiée s’impose comme une évidence, à même de clarifier leur rôle d’utilité publique et de leur accorder toutes les garanties nécessaires pour exercer en toute sécurité.

Mais le combat ne s’arrête pas là. Restaurer un véritable État de droit à Madagascar implique d’aller bien plus loin en menant de profondes réformes. Notamment en rendant à la justice son indépendance et son intégrité pour qu’elle redevienne le dernier rempart plutôt que la première ligne de la censure arbitraire.

 

Le combat pour la liberté et la transparence passe par la protection des lanceurs d’alerte

À n’en pas douter, la réhabilitation du rôle-clé des lanceurs d’alerte à Madagascar représente un immense défi, mais aussi un enjeu civique majeur. En brisant les lois du silence orchestrées par les pouvoirs en place, ces vigies de l’ombre affirment leur détermination à faire vivre la démocratie dans son acception la plus noble.

C’est pourquoi leur protéger doit devenir la priorité de tous les citoyens attachés à l’avènement d’une société transparente et respectueuse des libertés fondamentales. Le prix à payer pour garantir un avenir digne et probe pour la Grande Île !

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