La situation à Mayotte prend des allures de bras de fer contre un ennemi insidieux : le choléra. Avec 85 cas recensés au 15 mai, dont un décès, l’épidémie qui sévit aux Comores voisines menace désormais de gagner du terrain. Pendant ce temps, à Madagascar, la prudence reste de mise. L’île n’est que trop familière avec les ravages de cette maladie foudroyante, ayant essuyé en 1999 une tragédie sanitaire d’une violence inouïe. Mais 24 ans plus tard, la Grande-Ile semble mieux préparée, décidée à briser la dynamique épidémique aux portes de l’océan Indien.
Une sentinelle aux portes de l’océan Indien
Par sa situation géographique stratégique, Madagascar se dresse telle une sentinelle face à la menace du choléra. Véritable verrou dans le canal du Mozambique, l’île jouxte les Comores et Mayotte, où sévit actuellement l’épidémie. Mais surveiller près de 5000 km de littoral relève du défi logistique, surtout avec les mouvements incessants de populations entre ces îles voisines. Face à un ennemi insidieux se propageant à la faveur des flux humains, l’immense Madagascar aux infrastructures sanitaires fragiles pourrait rapidement se retrouver submergée si le fléau prenait pied sur ses rivages.
Lire aussi : Pourquoi faire du sport ?
L’ombre du traumatisme de 1999
La dernière fois que le choléra a déferlé sur Madagascar, le pays a sombré dans l’horreur absolue. L’épidémie de 1999, d’une violence inouïe, a fait environ 1500 morts selon les estimations. Un véritable électrochoc pour la population, désarmée face à la progression fulgurante de la maladie. Mahajanga, épicentre de la catastrophe sanitaire, garde encore aujourd’hui les stigmates de ce traumatisme national. « La prise de responsabilité était louable, se remémore la socio-anthropologue Elia Béatrice Assoumacou, mais il y avait moins de communication. » Un terrible souvenir, qui aiguise aujourd’hui la vigilance des autorités malgaches.
Un arsenal de ripostes préventives
Face à la menace, Madagascar n’a pas chômé. Sur le front de Mahajanga, épicentre potentiel à quelques encablures de Mayotte, un protocole d’urgence draconien a été déployé. Dès l’atterrissage, aucun passager en provenance des zones à risque n’est épargné : antibiotiques obligatoires, désinfection des bagages, pédiluve… Pas de demi-mesure ! En parallèle, la sensibilisation bat son plein, martelant inlassablement les gestes barrières. Une mobilisation salutaire, qui n’est pas sans rappeler l’union sacrée de 1999, où chacun, du simple quidam aux plus hautes sphères, avait fait bloc contre l’épidémie.
Lire aussi : Comment arrêter l’alcool ?
Course contre la montre dans l’océan Indien
Mais au-delà des frontières malgaches, c’est un véritable bras de fer planétaire qui se joue actuellement. Avec près de 150 000 cas et 1766 décès depuis janvier dans 24 pays, le choléra menace une nouvelle fois d’exploser à l’échelle mondiale selon l’OMS. Une course contre la montre d’autant plus ardue qu’une pénurie de vaccins frappe durement les capacités de riposte. Face à cette menace globale, l’océan Indien apparaît comme un théâtre d’opérations crucial, où la coopération entre îles sera déterminante pour briser la dynamique épidémique avant qu’il ne soit trop tard.
L’heure de vérité pour la Grande Île
Nouveau round contre le fléau du choléra pour Madagascar. Après le K.O. de 1999 et ses milliers de vies fauchées, l’île affronte désormais son destin, mieux préparée, mais ô combien lucide sur les défis sanitaires à relever. Entre risque de contagion depuis Mayotte et pénurie vaccinale mondiale, la partie s’annonce ardue. Mais la Grande Île peut compter sur le soutien indéfectible de ses filles et fils, portés par le souvenir cuisant des drames passés. L’heure est venue pour Madagascar de démontrer la pleine mesure de sa résilience, au prix d’une détermination sans faille face à l’ennemi.