Mesdames et messieurs, attachez vos ceintures ! Nous embarquons pour un voyage rocambolesque au cœur de la politique malgache, avec pour guide notre héroïne du jour : Madame R. Main droite du Calife le jour, accusée de corruption la nuit, Madame R nous offre un spectacle digne des meilleures séries Netflix. Son histoire ? Un cocktail explosif de pouvoir, d’argent et de rebondissements dignes d’un soap opéra tropical. Mais attention, ce feuilleton n’est pas une fiction : c’est la réalité crue de la politique malgache, servie sur un plateau d’argent… ou plutôt de corruption présumée.

 

L’épisode héroïque de l’arrestation

Acte I, scène 1 : Londres, août 2023. Notre protagoniste, Madame R, foule le sol britannique, ignorant qu’elle s’apprête à jouer dans « Arrested Development : Version Malgache ». Surprise ! La voilà cueillie comme une fleur par la police britannique, accusée d’avoir tenté de soutirer un petit bonus de 260 000 euros à une entreprise minière. Un pourboire, quoi ! Car en effet, elle doit bien « gagner sa vie ».

Mais ne nous y trompons pas : ce n’est pas à Anosy que ça se passe. Ici, point de justice à la bonne franquette où un coup de fil bien placé débloque les situations épineuses. Non, nous sommes en Grande-Bretagne, terre de Sa Majesté et d’une justice réputée incorruptible. Imaginez le choc culturel pour notre héroïne nationale ! C’est un peu comme si on demandait à un poisson de grimper à un arbre : pas vraiment dans ses habitudes.

 

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La libération en grande pompe

Mais voilà que, tel le phénix renaissant de ses cendres (ou plutôt de sa cellule), Madame R réapparaît ! Libérée, délivrée, elle peut enfin laisser éclater sa joie… et ses explications alambiquées. Car figurez-vous que cette libération n’est pas due à une erreur judiciaire ou à un revirement spectaculaire de la justice britannique. Non, c’est grâce à ce merveilleux mécanisme qu’est l’Early Removal Scheme (ERS).

Ah, l’ERS ! Ce héros méconnu de notre histoire, ce deus ex machina administratif qui permet de désengorger les prisons britanniques en renvoyant les détenus étrangers dans leur pays. C’est un peu comme gagner à la loterie, mais version judiciaire : vous êtes libéré, mais interdit de séjour à vie au Royaume-Uni. Un petit prix à payer pour retrouver l’air pur de la liberté (et de Madagascar), n’est-ce pas ?

 

L’auto-blanchiment médiatique

Et que serait une bonne saga sans son épisode médiatique ? Madame R ne déçoit pas et nous gratifie d’une prestation five stars sur une chaîne internationale. Un show à faire pâlir d’envie les meilleurs spin doctors de la planète ! Notre héroïne y déploie des trésors d’ingéniosité pour expliquer l’inexplicable, nier l’indéniable, et blanchir l’inblanchissable.

Les preuves ? Quelles preuves ? Ces enregistrements compromettants ? Sortis de leur contexte, voyons ! Ces 260 000 euros ? Une simple erreur de calcul, sans doute. Et puis, n’oublions pas le clou du spectacle : l’affirmation magistrale qu’aucune preuve n’a été trouvée contre elle. On se demande bien alors pourquoi elle a été condamnée. Un malentendu, probablement. Ou peut-être les jurés britanniques ont-ils été victimes d’une hallucination collective ?

En conclusion de ce premier acte, on ne peut que s’incliner devant tant de talent. Madame R, dans son rôle de victime innocente prise dans les rouages d’une justice étrangère, livre une performance digne des plus grands. Oscar de la meilleure actrice dans un drame judiciaire ? Le jury délibère encore.

 

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Les réactions politiques et nationales

Tandis que Madame R savourait sa liberté retrouvée, une vague d’euphorie déferlait sur les partisans du pouvoir malgache. Imaginez un instant : des politiciens en costume, dansant la conga dans les couloirs du palais présidentiel, brandissant des portraits de Madame R comme s’il s’agissait d’une icône religieuse. « Voyez ! s’écrient-ils. Si elle est libre, c’est que nous sommes tous purs comme l’eau de roche ! » Une logique imparable, n’est-ce pas ? À croire que la libération d’une personne condamnée pour corruption efface magiquement tous les péchés du régime. Abracadabra, et hop ! Plus de scandale, plus de soupçons. Si seulement gouverner un pays était aussi simple…

Mais attendez, le spectacle ne s’arrête pas là ! Voici qu’entrent en scène les nationalistes, brandissant le drapeau malgache comme un bouclier contre toute critique. « Peu importe qu’elle soit coupable ou non, clament-ils avec ferveur, c’est une victoire pour Madagascar ! » On applaudit presque l’idée que corrompre à l’international soit devenu un sport national. Médaille d’or pour Madame R dans la catégorie « Négociation Créative » aux Jeux Olympiques de la Magouille ?

 

Les relations privilégiées

Mais le clou du spectacle, c’est sans conteste la déclaration de Madame R sur ses relations avec le grand patron. À l’entendre, on croirait presque qu’elle revient d’un séjour dans un spa cinq étoiles plutôt que d’une prison londonienne. « Oh, vous savez, le Calife et moi, on est toujours BFF ! » lance-t-elle. On imagine la scène : le Calife, téléphone collé à l’oreille, murmurant des mots doux à sa protégée entre deux décisions d’État. « Ne t’inquiète pas, ma chère, ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Tiens bon, on a encore plein de projets ensemble ! »

Et pendant ce temps-là, les investisseurs miniers sont en ébullition. On les imagine, le nez collé à leurs écrans, guettant le moindre signe que la fête des permis faciles va reprendre. « Dites, Madame R est de retour, on peut recommencer à négocier comme avant ? » s’interrogent-ils avec espoir. Après tout, pourquoi se priver d’un bon filon, même si ce filon a un petit goût de scandale ?

 

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Une épopée moderne

Ainsi s’achève (pour l’instant) la saga rocambolesque de Madame R, un récit qui ferait pâlir d’envie les scénaristes d’Hollywood. De l’arrestation spectaculaire à Londres au retour triomphal à Madagascar, en passant par une condamnation qui ressemble étrangement à des vacances all-inclusive en prison britannique, notre héroïne a tout connu.

Justice, politique, médias : tous les ingrédients d’un bon thriller sont réunis. Mais contrairement aux films, ici, la réalité dépasse largement la fiction. Qui aurait cru qu’un simple coup de fil pour négocier un petit pot-de-vin se transformerait en une affaire d’État digne des plus grands feuilletons ?

 

Quand la réalité dépasse la fiction : La vérité selon Madame R

Au final, que retenir de cette épopée ? Peut-être que dans le grand théâtre de la politique malgache, la vérité est un concept aussi malléable que de la pâte à modeler. Ou encore que, parfois, le meilleur moyen de se blanchir est de crier son innocence sur tous les toits, preuves ou pas preuves.

Une chose est sûre : Madame R nous a offert un spectacle inoubliable. Et qui sait ? Peut-être que demain, elle nous surprendra avec un nouveau rebondissement. Après tout, dans cette grande comédie qu’est la politique, le rideau ne tombe jamais vraiment.

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