Le mohara est un objet « magique » et « sacré » pour les adeptes des cultes ancestraux malgaches. Il est utilisé dans les régions sud et sud-ouest et ouest de Madagascar. Il a comme vertu de protéger son possesseur grâce aux « ody » qui le composent.
Qu’est-ce qu’un mohara ?
Le mohara est un objet fait à partir de cornes de zébu et de matériaux comme des bois, des perles, des ciseaux, des aiguilles…
Les cornes proviennent de zébu à tête blanche ou « omby mazava loha ». C’est une race sacrée utilisée lors des rites ancestraux ou sacrificiels.
Quant aux composants, ce sont généralement des essences de bois choisies en fonction du mohara. En effet, un mohara est destiné à assurer une mission bien précise. Protection contre le mal, amour, travail… À chaque mohara sa destinée.
Par exemple, les Antandroy utilisent les mohara pour se protéger des dahalo ou voleurs de bétail. Pour les Sakalava, les mohara peuvent servir à contrer les mosavy ou mauvais sorts.
En somme, les mohara interviennent en faveur de son propriétaire.
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Les mystères des mohara
Les mohara ont une dimension sacrée pour ceux qui croient en leur pouvoir. Ils sont traités comme une divinité vivante. De ce fait, ils ont certaines exigences.
Les mohara ont des « fady » ou des tabous. Ces tabous doivent être observés par celui qui les possède. De temps à autre, ils exigent même des sacrifices. Les mohara sont à placer dans un bol en porcelaine blanche et doivent être enveloppés dans un tissu rouge.
Pour activer et leur donner plus de pouvoir, les mohara sont baignés dans de l’eau sacrée des doany, lieux de culte ancestral malgache.
Qui peut les créer ?
Seuls les « mpihanjaka » ou personnes abritant des esprits des ancêtres peuvent créer les mohara. Et il ne s’agit pas de n’importe quels esprits. Ce sont ceux d’anciens « mpimasy » ou « ombiasy », guérisseurs traditionnels malgaches. Parmi eux, on peut citer Andriamisara, un éminent mpimasy sakalava qui vivait à Mahajanga.
Ce sont ces esprits qui guident le « mpihanjaka » dans la confection des mohara. Ils indiquent quelles essences de bois utiliser, combien d’aiguilles mettre à l’intérieur, quels types de perles choisir…
Voici quelques essences de bois utilisées dans les mohara :
- Andriamisarika et andriamanintona (qui attirent)
- Tsihoarana (qu’on ne peut pas dépasser)
- Tsirefesina (qu’on ne peut pas mesurer)
- Mpanjakabenitany (qui règne sur la terre).
Ce ne sont que quelques exemples, mais il existe autant d’essences de bois qu’on peut mettre dans un mohara. Tout dépend de ce qui est indiqué par les esprits.
Les mohara et la société contemporaine malgache
Depuis l’arrivée des missionnaires à Madagascar au XVIIe siècle jusqu’à présent, les mohara sont considérés comme des objets maléfiques ou diaboliques. Il s’agit d’une déformation de la réalité.
Actuellement, certaines églises ou associations cultuelles organisent des campagnes pour convertir les adeptes des cultes ancestraux, collecter leurs ody et mohara pour les détruire après.
Quoi qu’il en soit, il existe encore de nombreux possesseurs de mohara chez les adeptes des cultes traditionnels malgaches. Malheureusement, avec la déforestation massive à Madagascar, les essences de bois qui servent à fabriquer les mohara se rarifient et ainsi, leur coût de fabrication est de plus en plus élevé. Selon un mpimasy que j’ai interrogé au marché « Petite vitesse » à Isotry, pour se procurer un mohara, il faut débourser au moins 220 000 Ariary.