Chers lecteurs du « Blog sur Madagascar », il est temps de nous pencher sur un sujet qui fâche, mais qui mérite toute notre attention : l’attitude d’une partie de la jeunesse malgache face à la crise multiforme que traverse notre pays. Entre téléphone dernier cri et photo Instagram, certains semblent avoir perdu tout contact avec la réalité. Pendant ce temps, nos influenceurs, ces nouveaux « héros » des réseaux sociaux, brillent surtout par leur silence assourdissant sur les vrais problèmes. Décryptage d’une génération en perte de repères.
Une jeunesse en perte de repères
Regardons les choses en face : une frange non négligeable de notre jeunesse semble naviguer à des années-lumière des réalités du pays. Pour eux, la vie se résume à un défilé sans fin de selfies, de sneakers hors de prix et de soirées bling-bling. Le culte du buzz et de la « frappe » a remplacé les engagements citoyens. Ici, on ne jure plus que par les likes, les followers et les « J’aime ».
Pendant que le pays s’enfonce dans la crise, certains semblent surtout préoccupés par leur profil Facebook ou la dernière tendance TikTok. La quête du swag a pris le pas sur la conscience politique. Les combats d’idées ont cédé la place aux battles de looks. Triste époque où il est plus valorisant de flamber dans une boîte de nuit que de s’investir dans une association.
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Le règne des frimeurs et des affairistes
Le pire, c’est que les modèles de cette jeunesse sont rarement les plus recommandables. Ici, on voue un véritable culte aux frimeurs et aux businessmen véreux qui étalent leur réussite suspecte. Peu importe si l’argent vient de la corruption, du trafic ou des marchés publics truqués. L’essentiel est de flamber, de « tuer le game » comme ils disent.
Et que dire de ces politiciens corrompus qui paradent en 4×4 rutilants pendant que le peuple croule sous les problèmes ? Eux aussi sont adulés comme des rock stars par une partie de la jeunesse. Pire, certains n’hésitent plus à vendre leur vote ou à jouer les nervis de service pour gratter quelques billets.
Dans ce contexte, à quoi bon étudier ou développer son talent ? Le mérite, les compétences, tout ça semble bien dérisoire face au pouvoir des billets de banque et des réseaux occultes. Une dérive dangereuse qui hypothèque l’avenir du pays.
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Des influenceurs entre aveuglement et lâcheté
Et que font nos fameux influenceurs, ces stars des réseaux sociaux suivies par des milliers de jeunes ? Eh bien, pas grand-chose malheureusement. La plupart semblent surtout occupés à vendre du rêve, des codes promo et faire les « hommes sandwich ».
Bien sûr, on ne leur demande pas de se transformer en activistes politiques. Mais un peu de courage et de lucidité face aux dérives du pays ne serait pas du luxe. Leur silence face à la corruption, aux injustices et à la pauvreté est assourdissant. Comme si parler des vrais problèmes risquait de faire fuir les sponsors…
Certains diront qu’ils ne veulent pas « faire de politique« . Mais défendre des valeurs citoyennes, dénoncer les abus, appeler les jeunes à s’engager, est-ce vraiment faire de la politique ? Non, c’est juste prendre ses responsabilités quand on a la chance d’avoir une audience.
Par leur apolitisme et leur frilosité, ces influenceurs contribuent, souvent malgré eux, à dépolitiser toute une génération. Ils participent au désenchantement démocratique. Un constat amer, mais nécessaire.
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L’urgence d’un sursaut citoyen
Pourtant, tout n’est pas perdu. Malgré ce tableau sombre, la jeunesse malgache regorge aussi de talents, de créativité et d’envie de changement. Des milliers de jeunes s’engagent chaque jour dans des associations, des projets solidaires, des initiatives citoyennes. Loin des paillettes et des buzz éphémères, ils construisent dans l’ombre les bases d’un renouveau.
C’est vers eux qu’il faut se tourner. C’est eux qu’il faut valoriser et ériger en modèles. Et c’est à ces influenceurs responsables qu’il faut donner la parole, pour qu’ils inspirent et remobilisent toute une génération.
Car plus que jamais, Madagascar a besoin d’une jeunesse consciente, engagée et solidaire. Une jeunesse qui refuse la fatalité et qui se batte pour prendre en main son destin. Une jeunesse qui réapprenne à rêver grand et à transformer le pays par le bas.
Le chemin sera long, les obstacles nombreux. Mais la première étape est de retrouver le goût du débat, de la bataille d’idées. De se reconnecter aux enjeux du pays, loin des mirages bling-bling. C’est le prix à payer pour faire entrer Madagascar dans une nouvelle ère. La balle est dans notre camp.