Un épais brouillard numérique s’est abattu sur la Grande Île et une partie du continent africain ces derniers jours. Une panne d’Internet qui va priver des millions d’utilisateurs de leur connectivité pendant des jours, Madagascar compris.
Le coupable ? Une défaillance majeure sur les câbles EASSy et SEACOM, probablement entre le Mozambique et l’Afrique du Sud selon les spécialistes. S’y ajoute une panne du câble SAFE/SAT-3, reliant Johannesburg à la péninsule Malaise avec de nombreux nœuds dans l’océan Indien. Un véritable coup d’arrêt pour toute l’économie numérique des régions touchées !
Panne d’internet : Un incident de portée régionale
Si les conséquences de cette panne d’Internet ont été particulièrement éprouvantes pour les Malgaches, c’est bien tout un pan de l’Afrique australe et de l’océan Indien qui s’est retrouvé plongé dans une sorte d’âge de pierre numérique en un clin d’œil. Outre la Grande Île, la Tanzanie, les Comores, Mayotte, le Mozambique, l’Afrique du Sud mais aussi Maurice et la Réunion ont en effet été durement impactés selon les experts en connectivité.
Les raisons précises de ces pannes d’Internet demeurent pour l’heure inconnues. Certains évoquent une possible agression, à l’image des actes de vandalisme revendiqués par les rebelles Houthis au Yémen qui avaient endommagé trois câbles en mer Rouge en février dernier. D’autres avancent la piste d’un mouvement de fonds marins ou un accrochage accidentel avec un navire. Une chose est sûre : l’enquête s’annonce complexe au vu de l’ampleur des dégâts sur ces infrastructures vitales.
Lire aussi : La dangereuse valse des tarifs Internet à Madagascar
Coupure de la connexion Internet : Le calvaire des usagers malgaches
Pour les utilisateurs malgaches, le coup a été de toute façon rude à encaisser. Si certains se sont accommodés de ce coup d’arrêt soudain en se rabattant sur les liaisons satellitaires ou les réseaux mobiles, la majorité a vite déchanté face aux interminables temps de chargement, aux coupures intempestives ou aux pages web restées désespérément vides.
Une véritable torture pour tous ceux dont l’activité professionnelle ou économique repose sur un accès internet fiable : agences web, entrepreneurs, travailleurs nomades, étudiants… Autant de journées de productivité gâchées, d’occasions d’affaires perdues qui se chiffrent en millions d’Ariary pour l’économie insulaire.
Qu’on ne s’étonne donc pas du tonnerre de critiques qui s’est abattu sur les forums et réseaux sociaux ! Un exutoire bien maigre pour les consommateurs obligés d’encaisser, en attente d’explications…
Lire aussi : Starlink : Le feu vert de l’Etat malgache
Le silence et le manque de réactivité des opérateurs malgaches
Si le blackout numérique ou la panne d’Internet en lui-même constitue déjà un cauchemar pour tous les acteurs économiques du numérique à Madagascar, la gestion de crise erratique des opérateurs locaux n’aura rien fait pour arranger les choses. Un silence assourdissant de plusieurs jours qui en dit long sur le manque de préparation des FAI face à un incident d’une telle ampleur.
Deux pleines journées se sont ainsi écoulées avant que les premières réactions ne viennent enfin fuser, bien tardives, sans communication claire sur les causes ou l’étendue des dégâts. Un amateurisme criant, à des années-lumière des standards de transparence et de réactivité qu’exigent désormais les consommateurs hyper-connectés.
Qu’attendre alors des entreprises et particuliers fortement impactés, sinon un profond ras-le-bol face à ce déni de service prolongé ? Des compensations financières semblent le minimum pour apaiser un vent de fronde qui ne cesse d’enfler sur les réseaux sociaux !
Un impératif de souveraineté numérique pour Madagascar
En révélant crûment les fragilités de la connexion Internet à Madagascar, cette panne géante résonne comme un sévère rappel à l’ordre. Dans une économie mondialisée où les échanges dématérialisés sont un moteur vital, la Grande Ile ne peut plus se permettre de tergiverser sur les moyens d’assurer une connectivité robuste et résiliente.
Cela passera inévitablement par des investissements massifs et pérennes dans les infrastructures sous-marines, terrestres et même satellitaires (vivement Starlink à Madagascar !). Mais aussi par une nette remise à niveau de la gestion opérationnelle des incidents, afin d’offrir aux consommateurs des standards de qualité dignes d’un service essentiel. Faute de quoi, le numérique malgache continuera de dériver au gré des vents et des tempêtes…