L’attrait de Dubaï pour la nouvelle élite malgache. Dans un pays où la majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté, une nouvelle caste émerge à Madagascar : les nouveaux riches. Et quelle meilleure façon de célébrer leur ascension sociale que de s’envoler vers la Mecque du luxe et de l’extravagance, Dubaï ? Apparemment, les plages paradisiaques de la Grande Île ne sont plus assez « instagrammables » pour nos parvenus locaux.

Ces néo-fortunés malgaches ont trouvé en Dubaï le parfait terrain de jeu pour assouvir leur soif de reconnaissance sociale. Entre gratte-ciels vertigineux, centres commerciaux démesurés et hôtels sept étoiles (parce que cinq, c’est tellement 2010), Dubaï offre un décor de choix pour qui veut en mettre plein la vue. Qui a besoin de la beauté naturelle quand on peut avoir du béton et du verre à perte de vue, n’est-ce pas ?

 

L’ostentation sur les réseaux sociaux : Un mode de vie

À l’ère du digital, si vous n’avez pas posté votre selfie devant la Burj Khalifa, avez-vous vraiment existé ? Nos nouveaux riches malgaches l’ont bien compris et transforment leur séjour à Dubaï en véritable feuilleton sur Instagram, Facebook et TikTok. Chaque contenu publié est une occasion de rappeler à leurs followers restés au pays qu’ils ont « réussi ».

Du petit-déjeuner servi au bord de la piscine à débordement, en passant par la séance shopping, jusqu’au dîner dans un restaurant suspendu à 200 mètres de hauteur, rien n’est laissé au hasard. Le hashtag #DieuAuxCommandes #Benis prend tout son sens, même si la bénédiction en question ressemble étrangement à du matérialisme pur et dur.

 

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Le paradoxe du tourisme local délaissé

Pendant ce temps, les plages de sable fin de Nosy Be, les baobabs majestueux de l’allée des Baobabs, ou encore les lémuriens de la réserve d’Andasibe-Mantadia se languissent du regard de ces compatriotes fortunés. Mais qui peut leur en vouloir ? Après tout, pourquoi apprécier la biodiversité unique de Madagascar quand on peut admirer des palmiers artificiels sur des îles artificielles à Dubaï ?

Le comble de l’ironie ? Ces mêmes influenceurs malgaches qui snobent leur patrimoine national n’hésiteront pas à poster des citations inspirantes sur la beauté de leur pays natal… depuis leur suite avec vue sur le désert de Dubaï. L’hypocrisie a visiblement aussi fait ses valises pour les Émirats.

 

Le gouffre économique : Voyage de luxe vs réalité malgache

Parlons chiffres, car c’est là que le bât blesse. Un voyage organisé à Dubaï coûte la modique somme de 7 000 000 Ariary. Pour mettre les choses en perspective, c’est l’équivalent de plus de 28 mois de salaire pour un employé au SMIC malgache (fixé à 250 000 Ar). Même un cadre moyen, gagnant environ 700 000 Ar par mois, devrait économiser pendant 10 mois, sans manger ni se loger, pour s’offrir ce luxe.

Mais qui a besoin de se soucier de telles trivialités quand on peut siroter un cocktail à 100 dollars au sommet du Burj Al Arab ? Après tout, la vue sur le gouffre économique qui sépare ces « happy few » du reste de la population malgache est probablement magnifique de là-haut.

 

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Selfies à Dubaï, misère à Mada : Le grand écart des nouveaux riches

En conclusion, alors que Madagascar lutte encore contre la pauvreté et les inégalités, une fraction de sa population préfère parader à Dubaï plutôt que d’investir dans l’économie locale. Ces nouveaux riches incarnent parfaitement l’adage malgache « Samy mandeha, samy mitady » (chacun pour soi, chacun sa merde). Leur philosophie semble être : « Pourquoi se soucier des problèmes du pays quand on peut bronzer sur une plage artificielle à Dubaï ? »

On pourrait presque admirer leur détermination à ignorer les défis auxquels fait face leur nation… si ce n’était pas si tragiquement absurde. Mais ne soyons pas trop durs : après tout, ces nouveaux riches malgaches contribuent à leur façon à l’économie… de Dubaï. Pendant ce temps, Madagascar attend toujours que ses élites réalisent que le véritable luxe serait peut-être de construire un avenir meilleur pour tous, plutôt que des châteaux de sable (artificiels) dans le désert.

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