Le néo-féminisme… Un terme qui soulève bien des passions dans le débat public actuel. Pour certains, il désigne un courant essentiel dans la lutte pour l’égalité. Pour d’autres, une dérive oppressive et radicale à rebours des idéaux féministes originels. Quoi qu’il en soit, ce féminisme 2.0 cristallise toutes les tensions d’un mouvement à la croisée des chemins. Faut-il y voir l’avènement d’une nouvelle vague remettant en cause les acquis ? Ou le simple sursaut d’une doctrine aux abois, en perte de vitesse ? Chose certaine, le débat fait rage.
Le néo-féminisme, un courant controversé
Qualifié de « sectaire » et de vecteur de « misandrie » par ses détracteurs, le néo-féminisme peine à se défaire d’une image des plus sulfureuses. Ses opposants lui reprochent un rejet viscéral du « patriarcat » au point de succomber à une forme de « haine des hommes ». Des franges radicales sont ainsi accusées d’ériger la lutte des genres en véritable guerre ouverte contre la gent masculine.
Puritanisme exacerbé, déni des différences biologiques au profit d’un différentialisme poussé à l’extrême… La liste des griefs est longue pour qualifier ce courant émergent. Ses défenseurs, eux, assurent au contraire œuvrer pour une société plus juste et inclusive. Loin de tout sectarisme, leurs armes se borneraient à la dénonciation d’un système historiquement oppressif.
Un fossé générationnel ?
Faut-il y voir une simple opposition générationnelle ? C’est un reproche que n’hésitent pas à formuler certaines icônes du féminisme historique. À les entendre, les féministes 2.0 d’aujourd’hui se fourvoieraient, incapables de se projeter au-delà de leurs revendications du moment. Une sorte de rupture nette avec les combats fondateurs pour l’égalité en droit et en dignité.
Pourtant, d’aucuns rétorquent que cette évolution des luttes ne fait que refléter les changements sociétaux à l’œuvre. Des priorités différentes, une nouvelle donne juridique et sociologique… Autant d’éléments qui expliqueraient l’émergence d’autres fronts militants, plus radicaux dans la forme, mais tout aussi légitimes sur le fond. Le néo-féminisme serait ainsi le simple marqueur d’une troisième vague inédite.
L’écueil de l’identitarisme ?
L’une des principales pierres d’achoppement dans le débat autour du néo-féminisme concerne le développement d’un courant intersectionnel au sein du mouvement. En d’autres termes, l’intrication des luttes féministes avec d’autres combats contre les discriminations raciales, LGBT+ ou encore les questions postcoloniales.
Une approche plurielle qui, pour certains, fait courir le risque d’un repli identitariste éloigné des idéaux universalistes originels. Le spectre d’une forme de différentialisme exacerbé menaçant de fragmenter davantage le féminisme que de l’unir. À l’inverse, d’autres y voient la promesse d’une doctrine plus englobante et ouverte sur le monde, à même de fédérer toutes les minorités.
Lire aussi : Quels droits les femmes n’ont pas par rapport aux hommes à Madagascar ?
Vers une réconciliation entre les féministes ?
Au-delà des postures tranchées, une voie médiane semble toutefois se dessiner. Rassemblées autour d’une même quête d’émancipation et d’égalité en droits, anciennes et nouvelles générations de féministes 2.0 partagent en effet de nombreux points de convergence.
Des combats communs perdurent, qu’il s’agisse de briser les plafonds de verre professionnels ou de lutter contre les violences faites aux femmes. Autant d’enjeux fédérateurs qui rappellent l’impératif d’un front uni, par-delà les divergences actuelles.
La clé résiderait alors dans la capacité à dépasser les clivages pour bâtir une même banderole militante. Réconcilier les approches dans le respect des spécificités de chacune, en privilégiant le dialogue plutôt que l’affrontement stérile.
L’essentiel est ailleurs
Car au fond, alors que tant de défis restent à relever pour l’égalité réelle des genres, n’est-il pas contre-productif de se perdre en querelles de chapelles ? De se complaire dans les joutes lexicales autour du néo-féminisme ou de la misandrie supposée, plutôt que d’unir ses forces ?
L’heure serait peut-être venue, pour tous les acteurs, de se concentrer sur l’essentiel : poursuivre la marche vers une société apaisée, où différences et égalité ne feraient plus qu’un. Une invitation, aussi, à un nouveau souffle pour un féminisme résolument moderne et rassembleur.