Arbre mythique s’il en est, le baobab ne cesse de fasciner avec sa silhouette pour le moins singulière : un tronc énorme surmonté d’une couronne de branches chétives en apparence. Mais ce qui frappe surtout, c’est sa répartition géographique ubiquiste. Des forêts malgaches aux savanes d’Afrique en passant par les terres arides d’Australie, le géant ventru fait décidément figure d’incroyable globe-trotter végétal !

Une présence quasiment planétaire qui alimentait jusqu’ici la thèse largement répandue de son origine continentale africaine. Une théorie que vient de balayer une nouvelle étude génétique retentissante…

 

La théorie remise en cause par une nouvelle étude génétique

Non, le baobab ne serait finalement pas ce pur produit du sol africain qu’on croyait ! C’est la surprenante conclusion à laquelle sont parvenus des scientifiques après avoir analysé les génomes des 8 espèces connues de cet arbre emblématique.

Selon leurs travaux publiés dans Nature, l’ancêtre commun du baobab serait en réalité originaire… de Madagascar ! Il y aurait vu le jour il y a environ 21 millions d’années, pour ensuite se diversifier progressivement en plusieurs espèces endémiques sur la Grande Île au fil des âges.

Une thèse qui vient donc retracer une toute nouvelle généalogie pour le baobab, détrônant du même coup les hypothèses d’une souche mère africaine. Un rebondissement de taille qui chamboule complètement la vision traditionnelle.

 

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Une odyssée maritime à l’origine de la conquête du monde

Mais si le baobab de Madagascar a bel et bien conquis la planète, comment expliquer son implantation sur d’autres continents ? Aux yeux des scientifiques, la dispersion aurait emprunté des voies pour le moins inattendues…et maritimes !

Tout est parti il y a 12 millions d’années, lorsqu’un courant marin majeur de l’océan Indien a dû transporter certaines graines arrachées aux rivages de la Grande Île. Le fameux « gyre« , ce puissant anneau océanique tourbillonnant dans le sens des aiguilles d’une montre entre l’Australie, l’Asie du Sud et l’Afrique orientale.

Un périple insensé de milliers de kilomètres qui aurait ainsi permis au baobab d’essaimer vers le Nord-ouest australien d’un côté, et l’Afrique continentale de l’autre. Une hypothèse que corrobore la précision des analyses génétiques menées par les chercheurs.

Une saga dantesque qui n’en finit pas d’émerveiller sur la ténacité et l’extraordinaire pouvoir de dissémination du baobab ! Quelle aventure épique que celle de ces humbles graines malgaches parties à l’assaut du monde.

 

Le baobab malgache, une flore endémique menacée à protéger

Si cette découverte relance le mythe du baobab de Madagascar, elle soulève aussi de vives inquiétudes sur l’avenir même de ce patrimoine végétal ancestral. Car si ces géants ventrus sont la gloire de l’île, leur avenir n’en demeure pas moins sérieusement compromis selon les scientifiques.

La raison ? Une très faible diversité génétique pour 3 des 6 espèces endémiques identifiées. Une vulnérabilité criante qui les expose en première ligne face aux dérèglements climatiques à venir. On le sait, le changement climatique représente une menace existentielle pour les espèces à faible variabilité génétique. Une conformité inquiétante pour ces baobabs malgaches désormais identifiés comme les véritables ancêtres de toute la famille !

Dans leur étude, les chercheurs n’ont d’ailleurs pas manqué de tirer la sonnette d’alarme. S’ils veulent éviter l’extinction, ces baobabs « originels » méritent selon eux un classement de protection maximal pour enrayer leur déclin. Un devoir de vigilance pour Madagascar, berceau d’une biodiversité dont le baobab n’est qu’un joyau parmi tant d’autres…

 

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Le baobab malgache, une ressource naturelle à chérir

Voilà donc un arbre mondialement célèbre qui se révèle finalement pur produit du terroir malgache ! Une découverte aussi incroyable que flatteuse pour cette île réservoir de biodiversité. Mais au-delà du mythe, c’est un véritable défi patrimonial qui se profile désormais pour la Grande Île.

Car si le baobab fait la fierté de Madagascar en devenant son ambassadeur végétal le plus illustre à travers le monde, il devient aussi indispensable de le préserver comme une ressource naturelle précieuse et fragile. Les enjeux écologiques dépassent alors les simples considérations botaniques pour embrasser un véritable enjeu sociétal. Saurons-nous chérir ce trésor végétal emblématique ? L’avenir de l’arbre-racine nous le dira…

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