Mesdames et messieurs, attachez vos ceintures ! Nous partons pour un safari dans la jungle urbaine d’Antananarivo, à la découverte d’une espèce fascinante : la Girl Boss malgache. Cette créature extraordinaire défie les lois de l’économie, de la physique et parfois même de l’éthique. Alors que Madagascar traverse une crise économique qui ferait pâlir même les plus optimistes, nos Girl Boss locales semblent flotter au-dessus de la mêlée, telles des déesses intouchables du succès.
Le mantra de la Girl Boss malgache : « Paraître ou disparaître »
Le mantra de ces amazones modernes ? « Paraître ou disparaître ». Dans leur monde, le succès se mesure en mètres carrés de terrain, en marque de voiture et, bien sûr, en nombre de followers sur Facebook et sur TikTok. Qui a besoin de pain quand on peut manger des likes, n’est-ce pas ?
La journée type d’une Girl Boss malgache
Commençons notre journée type avec Madame que nous nommerons « Mme La Réussite », Girl Boss extraordinaire qui joue aussi l’influenceuse. Il est 3h du matin, et tandis que le commun des mortels dort encore, notre héroïne est déjà debout, sirotant son jus détox à 50 000 Ariary le litre. Le sommeil ? C’est pour les faibles. Les vraies warriors commencent leur journée par une séance de méditation où elles visualisent leur prochain post de motivation sur Facebook et leur prochain vlog (ou danse) sur TikTok.
Le look de la warrior des temps modernes à Antananarivo
Vêtue de son power suit déniché sur Shein, Mme La Réussite est prête à conquérir le monde. Ou du moins, Antananarivo pour le moment. Son accessoire indispensable ? Un smartphone dernier cri, bien sûr et un iPhone pour que ça claque ! Comment pourrait-elle sinon poster des stories de sa « réunion importante » au café huppé du coin, où elle attend un client imaginaire tout en sirotant un café à 20 000 Ar ? Comment pourrait-elle aussi montrer au monde entier les coulisses de son business ?
Les relations sociales version Girl Boss à la malgache
Les relations sociales de notre Girl Boss sont un chef-d’œuvre de stratégie. Ses « amies » ? De simples faire-valoir, utiles pour les photos de groupe devant les nouvelles enseignes branchées de la capitale. Imaginez : Chaque conversation est une opportunité business. « Oh, tu as un bébé ? Parfait ! J’ai justement lancé une gamme de couches bio à seulement 100 000 Ar le paquet. C’est donné ! »
L’éthique selon la Girl Boss malgache
Mais ne vous y trompez pas, la solidarité féminine est un concept has-been pour ces battantes. Pourquoi aider gratuitement quand on peut monnayer son « expertise » ? Le mentorat version Girl Boss ressemble étrangement à de l’exploitation avec un filtre Instagram… pardon, un filtre Facebook.
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La « réussite » à la malgache : Quand l’apparence prime sur la substance
Parlons maintenant de la « réussite » de ces entrepreneures intrépides. En pleine crise économique, alors que le pays croule sous l’inflation, voilà que Mme La Réussite s’offre une villa et un terrain grand comme un petit pays européen. Miracle ? Magie ? Non, juste le fruit de son « travail acharné », bien sûr. Le fait que cette acquisition coïncide avec sa nouvelle relation avec un homme d’affaires de 30 ans son aîné, un PPS, n’est qu’une pure coïncidence.
Et que dire de la voiture rutilante garée devant cette villa de rêve ? En leasing, certes, mais chut ! Sur Facebook, c’est « sa » voiture. Après tout, l’important n’est pas de posséder, mais de faire croire qu’on possède, n’est-ce pas ?
Mais le summum de la réussite pour une vraie Girl Boss malgache, c’est le jeune amant trophée qu’elle affiche fièrement sur les réseaux sociaux. Parce qu’une femme qui réussit a besoin de prouver qu’elle peut aussi s’offrir un homme-objet, histoire de renverser les codes du patriarcat. Féminisme, quand tu nous tiens !
Les secrets inavouables du succès
Maintenant, abordons le sujet qui fâche : les secrets inavouables du succès. Certaines de nos Girl Boss auraient-elles redéfini la notion d’entrepreneuriat en embrassant le plus vieux métier du monde, version luxe ? Des mauvaises langues murmurent que Mme La Réussite aurait financé son empire immobilier grâce à des rendez-vous discrets dans des hôtels étoilés. Mais chut ! Une vraie Girl Boss ne révèle jamais ses secrets, elle se contente de poster des photos de ses acquisitions sur Facebook avec des légendes cryptiques comme « Quand on veut, on peut« , « Mila miasa mafy vao tafita » et bla-bla.
La vraie prouesse de ces magiciennes du marketing personnel, c’est leur capacité à vendre du rêve en plein cauchemar économique. Alors que le pays s’enfonce dans la crise, elles flottent au-dessus des nuages dans leur bulle de filtres Facebook et de faux semblants. Elles excellent dans l’art délicat de vanter leurs réussites sans jamais mentionner les moyens. Après tout, le mystère fait rêver, et le rêve fait vendre.
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Vers un monde meilleur (pour les Girl Boss malgaches, du moins)
Mais que se passe-t-il quand le château de cartes (ou la villa) s’effondre ? Quand les créanciers frappent à la porte et que les followers commencent à poser des questions gênantes ? Une vraie Girl Boss a plus d’un tour dans son sac Hermès (contrefait). Elle rebondit, elle pivote, elle se réinvente. Aujourd’hui coach en développement personnel, demain gourou du bien-être holistique. L’important est de toujours garder une longueur d’avance sur la réalité.
En conclusion, la Girl Boss malgache est un fascinant spécimen de notre époque. Elle incarne à merveille cette obsession moderne pour le paraître, cette course effrénée vers un succès défini par des normes aussi toxiques qu’irréalistes. Dans un pays en proie à de réelles difficultés, ces vendeuses de rêve propagent une mentalité dangereuse, où l’éthique est optionnelle et où la valeur d’une personne se mesure à la taille de sa villa ou au prix de sa voiture.
Alors, mesdemoiselles, mesdames, la prochaine fois que vous verrez une de ces « Boss Babes » vanter son succès sur Facebook, prenez un moment pour réfléchir. Est-ce vraiment cela, la réussite ? N’y a-t-il pas plus de valeur dans l’intégrité, la solidarité et le véritable accomplissement personnel que dans cette mascarade clinquante ?
En attendant, nos Girl Boss continueront sans doute à régner sur leur empire de papier glacé, rappelant à tous que dans le royaume des aveugles, celle qui a le plus de followers est reine.