À Madagougou, petit coin de paradis où la misère côtoie la propagande, il en est un qui semble nager dans une sérénité olympienne. Tandis que les habitants peinent à trouver de l’eau pour remplir une casserole ou une bougie pour éclairer une soirée sans électricité, lui, il s’amuse. Toujours détendu, toujours confiant. Car pourquoi se tracasser ? Les problèmes des autres, c’est bien pour les autres.
La foi comme moteur… pour aller nulle part
Chez lui, tout commence et se termine par la « foi ». Pas celle qui soulagerait les âmes ou remplirait les estomacs, mais une foi personnelle, presque narcissique, dans un avenir radieux. Il le répète avec aplomb : « Les défis sont des opportunités ! » Opportunités pour qui ? Bonne question. Pour ceux qui vendent des bougies et des seaux d’eau, sans doute. Pendant ce temps, les habitants de Madagougou, eux, apprennent l’art de la résilience : rationner l’eau, jongler avec les délestages et survivre au quotidien.
Mais que peut-on bien lui reprocher ? Il croit en son « tsy maintsy mandroso », même si ce dernier ressemble davantage à une illusion qu’à une réalité. Le progrès, dans son monde, c’est un live Facebook en voiture de luxe, entouré de jeunes artistes qui chantent ses louanges. C’est beau, c’est festif, et surtout, ça évite de parler des vrais sujets.
Lire aussi : Notre Président : Un super-héros des temps modernes
Le roi des inaugurations
Ah, les inaugurations… Ses moments de gloire où il coupe des rubans comme d’autres trancheraient un gâteau d’anniversaire. Routes, bâtiments, structures diverses, tout y passe. Peu importe si ces projets sont finis, utiles, ou même opérationnels. L’essentiel, c’est d’avoir une belle photo, une jolie vidéo, et quelques applaudissements bien chorégraphiés.
Pendant qu’il parade, les citoyens de Madagougou comptent les jours sans électricité et les litres d’eau qu’ils doivent acheter au marché noir. Mais qu’importe ! Lui, il a trouvé une solution : détourner les regards avec des discours emplis de « foi » et de promesses, tout en esquissant ce sourire si caractéristique, comme s’il était au-dessus de tout.
Un artiste dans l’âme
Il faut lui reconnaître une chose : il maîtrise l’art de la diversion comme personne. Les critiques glissent sur lui comme la pluie sur un imperméable. « Les difficultés actuelles sont des opportunités », dit-il. On aurait presque envie d’applaudir cette capacité à transformer chaque crise en argument de campagne. Pas d’eau ? Une opportunité pour apprendre à économiser. Pas d’électricité ? Une chance de contempler les étoiles. L’insécurité ? Un défi pour rester vigilant.
Les citoyens se plaignent ? Ils sont sûrement trop exigeants. Après tout, la pauvreté, ce n’est qu’une question de perspective, non ? À Madagougou, quand on a moins de deux dollars par jour, il suffit d’avoir foi pour remplir son assiette. Et si ça ne marche pas, c’est qu’on n’a pas assez prié.
Lire aussi : “On brûle de l’argent” : Quand l’éducation cède sa place au carburant dans la course effrénée contre le délestage !
Un peuple oublié, mais pas son image
Pendant qu’il danse sur son petit nuage, les habitants de Madagougou s’enfoncent un peu plus dans la précarité. L’eau devient un luxe, les produits de première nécessité atteignent des prix stratosphériques, et l’insécurité gangrène chaque recoin du pays. Mais dans son monde parallèle, tout va bien. Les critiques ? Il les balaie d’un revers de la main. Les accusations de corruption ? De simples ragots. L’injustice sociale ? Une fatalité à laquelle il préfère ne pas penser.
Et pourtant, derrière ses vidéos et ses sourires figés, le peuple gronde. Les voix s’élèvent, mais elles ne trouvent aucun écho. Lui, il est occupé. Entre deux inaugurations, il savoure son café en regardant ses statistiques sur les réseaux sociaux. Car oui, à Madagougou, tout peut attendre, sauf sa réputation.
Et après ?
On pourrait se demander ce qui pourrait enfin le réveiller. Une panne générale de réseau qui l’empêcherait de publier ses lives ? Une invasion de criquets dans ses jardins bien entretenus ? Rien n’est moins sûr. Lui, il s’en fout. Le peuple souffre, les enfants quittent l’école faute de moyens, les entreprises ferment les unes après les autres, mais son agenda reste inchangé. Il y a encore des inaugurations à organiser, des discours à prononcer, et des vidéos à poster.
Alors, que reste-t-il à espérer ? Peut-être qu’un jour, un éclair de lucidité viendra frapper cet homme si déconnecté de la réalité. Mais en attendant, les habitants de Madagougou continuent de se débattre dans leurs galères quotidiennes, tandis que lui, confiant et amusé, trace sa route, insensible aux appels à l’aide.
Après tout, pourquoi changer ? Quand on peut vivre dans une bulle dorée, pourquoi s’abaisser à regarder le monde en bas ? Pourquoi se préoccuper de ceux qui souffrent quand on peut continuer à sourire pour les caméras ? Non, vraiment, lui, il s’en fout.