Alors comme ça, le gouvernement malgache a décidé de jouer les Père Noël en plein mois d’août ? Quelle générosité ! La gratuité scolaire pour tous les élèves des écoles et collèges publics, ça sonne bien sur le papier. Mais derrière les belles promesses se cache une réalité bien moins reluisante. Décortiquons ensemble cette fausse bonne idée qui risque de laisser un goût amer aux familles les plus vulnérables.

 

Une gratuité scolaire à Madagascar : Un trompe-l’œil

Première chose à comprendre : cette gratuité n’en est pas vraiment une. On nous parle d’exemption de frais d’inscription pour les élèves vulnérables. Mais quid des autres dépenses qui plombent le budget des familles ? Manuels scolaires, uniformes, fournitures… Tous ces frais annexes restent à la charge des parents. Autant dire que pour beaucoup, l’école restera un luxe inaccessible.

Et parlons-en, de ces fameux « élèves vulnérables ». Qui décidera qui est vulnérable et qui ne l’est pas ? Les chefs fokontany, nous dit-on. Parce qu’évidemment, dans un pays gangrené par la corruption, confier ce pouvoir à des notables locaux ne posera aucun problème. On imagine déjà les petits arrangements entre amis pour faire bénéficier untel ou untel de la gratuité. Pendant ce temps, des enfants réellement dans le besoin resteront sur le carreau.

 

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Gratuité scolaire à Madagascar : Le casse-tête du financement des écoles

Mais le plus beau dans cette histoire, c’est qu’on n’a visiblement pas réfléchi une seconde au financement de cette mesure. Les écoles, elles, ne vont pas tourner à l’eau de rose et aux bonnes intentions ! Qui va payer les salaires des enseignants non-fonctionnaires ? L’entretien des bâtiments ? Le matériel pédagogique ?

Jusqu’ici, ce sont les contributions parentales qui permettaient tant bien que mal de faire tourner la boutique. En les supprimant d’un trait de plume, on risque de mettre à genoux des établissements déjà exsangues. À moins que l’État n’ait miraculeusement trouvé des milliards d’ariary dans ses tiroirs ? On attend de voir.

 

L’épineuse question des maîtres FRAM et la gratuité scolaire à Madagascar

Et pendant qu’on y est, parlons-en des maîtres FRAM, ces enseignants communautaires qui assurent une grande partie des cours dans les zones rurales. Leur salaire, c’est justement les parents qui le paient via les fameuses contributions. Si on supprime ça, que vont-ils devenir ?

On nous dit que le recrutement de nouveaux maîtres FRAM est gelé. Très bien. Mais quid de ceux déjà en poste ? Vont-ils se retrouver du jour au lendemain sans revenus ? Ou l’État va-t-il enfin prendre ses responsabilités et les intégrer dans la fonction publique ? Mystère et boule de gomme.

 

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La capacité d’accueil : Le grand oublié de la réforme

Mais le summum de l’absurdité dans cette histoire, c’est qu’on n’a visiblement pas pensé une seconde à la capacité d’accueil des écoles. On nous promet monts et merveilles, mais avec quels moyens ?

Les classes sont déjà surchargées, les bâtiments tombent en ruine, le matériel manque cruellement. Et on voudrait faire croire qu’on va pouvoir accueillir des milliers d’élèves supplémentaires comme par magie ? À moins que le plan ne soit de les entasser à 100 par classe, assis par terre faute de bancs ?

Cette « gratuité » risque fort de se transformer en cauchemar logistique pour des directeurs d’école déjà à bout de nerfs. Mais ça, visiblement, ce n’est pas le problème du ministère.

 

Repenser les priorités pour une éducation véritablement accessible

Alors comme ça, on nous parle de gratuité scolaire ? Quelle blague ! Pendant que nos dirigeants se gargarisent de belles promesses, jetons un œil aux vrais chiffres. Et là, surprise : le gros du gâteau budgétaire part dans les poches de qui ? La Présidence et l’Armée, pardi !

Ah, elle est belle, la Grande Île ! On préfère visiblement financer les petits plaisirs du Palais et les jouets rutilants des militaires plutôt que d’investir dans l’avenir de nos enfants. Parce que l’éducation et la santé ? Pfff, des détails ! Qui a besoin d’écoles quand on peut avoir des défilés militaires grandioses et des projets d’infrastructures inutiles ?

Si l’État voulait vraiment aider les familles vulnérables, il commencerait par revoir ses priorités de fond en comble. Au lieu de ça, on nous sert des mesurettes au rabais. Des kits scolaires gratuits ? Des cantines dans chaque école ? Apparemment, c’est trop demander. Mieux vaut garder l’argent pour les werawera, n’est-ce pas ?

Et pendant ce temps-là, nos écoles tombent en ruine, nos profs sont payés une misère (quand ils sont payés), et nos gosses étudient le ventre vide. Mais hey, pas de panique ! On a une armée bien équipée pour protéger… quoi au juste ? Certainement pas l’avenir de notre jeunesse en tout cas.

Il serait peut-être temps que nos chers décideurs sortent de leur bulle dorée et réalisent l’ampleur du désastre. L’éducation, c’est la clé du développement. Mais visiblement, à Madagascar, on préfère garder le peuple dans l’ignorance. C’est tellement plus facile à gouverner, pas vrai ?

Alors oui, qu’on arrête les effets d’annonce bidons et qu’on passe aux actes. Réaffectez ces budgets faramineux de la Présidence et de l’Armée vers l’éducation et la santé. Construisez des écoles, formez des profs, nourrissez nos enfants. Bref, faites votre boulot de dirigeants responsables pour une fois !

La gratuité scolaire, ça ne se décrète pas d’un claquement de doigts. Ça demande un vrai courage politique et des choix budgétaires cohérents. Mais apparemment, c’est trop demander à nos élites. Trop occupées à se remplir les poches, sans doute.

En attendant, ce sont nos enfants qui trinquent. Et avec eux, c’est tout l’avenir de Madagascar qu’on sacrifie sur l’autel de l’incompétence et de l’égoïsme. Bravo, Messieurs les décideurs. Vraiment, bravo.

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