Dans toute démocratie digne de ce nom, la crédibilité des élections repose sur des principes inaliénables de transparence et d’intégrité. À Madagascar, ces fondamentaux se heurtent régulièrement à la réalité du terrain, notamment concernant les institutions clés que sont la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) et la Haute Cour Constitutionnelle (HCC). Ce présent état des lieux revisite les récentes controverses qui ont écorné la neutralité présumée de ces deux organes, à l’aune des derniers scrutins législatifs et présidentiels.
Elections à Madagascar : La composition contestée de la CENI et de la HCC
La légitimité même de la CENI et de la HCC est constamment remise en cause en raison des soupçons de partialité planant sur la nomination de leurs membres respectifs. Le choix des présidents de ces deux institutions, tous deux réputés proches du pouvoir en place, a notamment défrayé la chronique et attisé les critiques des observateurs avertis comme de pans entiers de la classe politique. Cette proximité avec la sphère présidentielle, jugée trop marquée, fait planer de lourds doutes sur la réelle impartialité dont sauront faire preuve ces personnalités influentes dans la conduite des processus électoraux.
La neutralité de la CENI mise en doute
Au-delà des polémiques sur sa composition, la CENI a vu sa neutralité sérieusement écornée dans la gestion des dernières élections législatives de 2024. L’Observatoire Safidy a en effet répertorié de multiples incidents mettant à mal l’indépendance présumée de l’institution électorale. Parmi les dérives relevées figurent des discours ouvertement partidaires, des membres de la CENI ayant pris fait et cause pour tel ou tel candidat en lice.
Une collusion manifeste avec certaines formations politiques qui alimente de facto les soupçons sur la capacité réelle de l’organe à organiser des élections véritablement libres et équitables. De quoi semer à nouveau le trouble autour de la sincérité du processus électoral dans son ensemble…Une preuve supplémentaire du chemin à parcourir avant de renouer avec la neutralité exigée ?
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Le rôle des observateurs internationaux dans les élections à Madagascar
Face à cette érosion de la confiance dans les instances électorales nationales, les regards se tournent inévitablement vers les observateurs internationaux. À l’image des délégations de l’Union Européenne ou de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe lors des dernières élections législatives, ces émissaires ont pour mission de jouer les gendarmes de la démocratie et de certifier la transparence des scrutins.
Omniprésents dans les bureaux de vote, réceptionnant les remontées d’informations des ONG locales, ces experts internationaux n’ont d’autre choix que de dresser un constat impitoyable sur les manquements et dysfonctionnements relevés. Autant d’infractions répertoriées jusque dans leurs rapports finaux, qui viennent malheureusement corroborer les doutes de la société civile sur l’indépendance réelle des autorités organisatrices. Une vérité qui dérange, mais que personne ne peut désormais ignorer…
Les implications pour la démocratie malgache
Au-delà des simples remous dans les sphères politiques et médiatiques, ces atteintes à l’intégrité du processus électoral ont des implications autrement plus graves pour la démocratie à Madagascar. En sapant la confiance des citoyens dans la sincérité des urnes, c’est la légitimité même des institutions qui se trouve inexorablement grevée. Une défiance envers le système qui alimente les risques de contestations, de troubles civils et in fine d’une réelle crise politique.
Dans un tel contexte délétère, comment espérer des élus responsables, conscients du poids de leur mandat et animés d’une réelle volonté de servir l’intérêt général au-delà des clivages politiciens ? Seules une CENI et une HCC démontrées irréprochables dans leur neutralité pourront permettre d’ores et déjà de rétablir cette cruciale confiance dans le jeu démocratique. Et d’assurer à Madagascar des élections à la hauteur de ses aspirations de peuple libre.
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Vers un avenir électoral plus transparent ?
Le chemin vers des élections apaisées et une démocratie pleinement enracinée à Madagascar semble encore bien ardu au vu des récentes remises en cause. Pour se hisser au rang des grandes nations libres, un vaste chantier de réformes devra être entrepris concernant le processus électoral dans son ensemble.
Revoir en profondeur les mécanismes de nomination au sein de la CENI et de la HCC, mais aussi repenser en toute transparence les modalités d’organisation des scrutins, tels sont les défis qui attendent la Grande Île. Seul ce profond renouveau permettra de renouer avec la crédibilité, pierre angulaire de toute saine compétition électorale.