Ah, les joies du protocole et des titres ronflants ! À chaque fonction son appellation, c’est bien connu. « Son Excellence » pour un président ou un ambassadeur, « Monsieur le Ministre » ou « Madame la Députée » pour nos élus… Tout un art de la politesse institutionnelle. Sauf qu’à Madagascar, certains de nos chers représentants semblent avoir une conception toute personnelle des usages. Députés et ministres s’arrachent désormais le titre d' »honorable« , une fantaisie protocolaire qui en dit long sur leur ego surdimensionné. Petite leçon de savoir-vivre républicain à l’usage de ces « honorables » égarés…

 

Des titres honorifiques non conformes au protocole

Les appellations protocolaires officielles et leur signification

Avant toute chose, un petit rappel s’impose. Les appellations protocolaires, ce n’est pas une affaire de goût personnel ou de lubie passagère. Chaque fonction a son titre bien défini, qui correspond à un niveau de responsabilité et de représentation bien précis. « Son Excellence » pour un chef d’État ou un ambassadeur, ce n’est pas pour flatter leur ego, mais pour souligner leur rôle de représentant suprême d’une nation. De même, le classique « Monsieur le Député » ou « Madame la Ministre » suffit amplement à marquer le respect dû à leur fonction. Pas besoin d’en rajouter des tonnes !

 

« Honorable » : Une appellation non reconnue pour les députés et ministres

Mais allez donc expliquer cela à nos chers « honorables » ! Car oui, certains députés et ministres malgaches s’accrochent à ce titre comme à une bouée de sauvetage, au mépris de toutes les règles protocolaires. Pourtant, il suffit de se pencher sur les usages internationaux pour constater que l’appellation « honorable » n’est nullement reconnue pour ces fonctions. Tout au plus tolérée dans certains pays anglophones pour les parlementaires, elle n’a strictement aucune valeur officielle. Alors, nos « honorables » élus seraient-ils plus royalistes que le roi ?

 

Une pratique révélatrice d’une méconnaissance ou d’un mépris des usages

Deux hypothèses s’offrent à nous face à cette dérive titulaire. Soit nos députés et ministres ignorent tout bonnement les règles élémentaires du protocole, ce qui en dit long sur leur niveau de formation. Soit, ils s’assoient allègrement dessus, auquel cas c’est leur conception même de la fonction politique qui pose question. Dans un cas comme dans l’autre, ce n’est pas franchement rassurant pour la démocratie malgache ! Car enfin, comment espérer une gestion saine et efficace des affaires publiques si nos élus sont incapables de respecter des règles aussi basiques ? Un tantinet inquiétant, non ?

 

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Les raisons d’une telle demande : Entre complexe d’infériorité et soif de reconnaissance

Le besoin de se distinguer et de marquer son statut

Mais alors, pourquoi diable nos « honorables » tiennent-ils tant à ce titre ronflant ? À défaut de briller par leurs résultats, certains semblent avoir trouvé là un moyen commode de se distinguer du commun des mortels. Une manière comme une autre de marquer leur statut, de rappeler urbi et orbi qu’ils appartiennent à la caste des puissants. Un réflexe assez puéril de cour de récréation, en somme. « Regardez-moi, je suis honorable, donc je suis important ! » Pathétique, non ?

 

Un complexe du « parvenu » et de l' »arriviste »

Pire encore, cette quête effrénée de reconnaissance trahit souvent un véritable complexe d’infériorité. Le syndrome typique du « parvenu » ou de l' »arriviste« , qui surcompense son manque de légitimité par une avalanche de titres et d’honneurs. Comme si l’étiquette « honorable » pouvait faire oublier les lacunes béantes de leur bilan ! Un cache-misère bien commode, en somme, qui permet de s’acheter une prestance à peu de frais. Mais à Madagascar comme ailleurs, ce n’est pas le costume qui fait le bon député ou le bon ministre. Seuls le travail et les résultats comptent, point final.

 

Une quête de valorisation personnelle au détriment de la fonction

Au fond, cette obsession de l’appellation « honorable » révèle surtout une conception totalement biaisée de la fonction politique. Au lieu de se mettre humblement au service des citoyens, certains élus semblent considérer leur mandat comme un tremplin pour leur gloriole personnelle. Une tribune rêvée pour assouvir leur soif inextinguible de valorisation et de reconnaissance sociale. Oubliées les valeurs de proximité, d’écoute et de dévouement censées guider l’action politique ! Place aux courbettes, aux tapis rouges et aux flatteries en tous genres pour notre « honorable » seigneur… Une dérive narcissique qui en dit long sur l’état d’esprit de certains de nos représentants.

 

Les conséquences de cette attitude : discrédit et perte de légitimité

Un comportement perçu comme vaniteux et prétentieux

Inutile de dire que cette course effrénée aux titres ronflants ne passe pas inaperçue auprès des citoyens. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle ne suscite pas vraiment l’admiration des foules ! Aux yeux de l’opinion, nos « honorables » députés et ministres passent au mieux pour des m’as-tu-vu vaniteux, au pire pour de pathétiques affabulateurs. Une image qui n’est pas vraiment digne de la fonction, convenez-en. À force de se gargariser de leur titre autoproclamé, ils en oublient l’essentiel : l’humilité et le sens du service qui devraient guider chacun de leurs actes. Un comble pour des élus censés incarner l’intérêt général !

 

Un décalage avec les attentes des citoyens et les enjeux réels du pays

Pire encore, cette fixette sur l’appellation « honorable » trahit un décalage abyssal avec les préoccupations réelles des Malgaches. Pendant que nos élus se perdent en palabres stériles sur la manière dont il faudrait les appeler, le pays s’enlise dans des difficultés économiques et sociales majeures. Chômage, pauvreté, corruption… Les défis ne manquent pas pour la Grande Île ! Mais non, l’urgence absolue, c’est de savoir si on va dire « Monsieur le Député » ou « Monsieur l’honorable député« . Un sens des priorités qui laisse pantois… À croire que nos « honorables » vivent sur une autre planète, bien loin des tracas quotidiens de leurs concitoyens. Une déconnexion qui ne risque pas d’améliorer leur cote de popularité, déjà bien mal en point !

 

Un risque de décrédibilisation de la fonction et de l’institution

Au-delà du discrédit personnel, c’est toute la fonction politique qui se trouve éclaboussée par ces dérives protocolaires. À force de voir ses élus s’adonner à ce genre de petit théâtre ridicule, comment voulez-vous que le citoyen lambda garde confiance en ses institutions ? Chaque anecdote sur un député ou un ministre exigeant qu’on l’appelle « honorable » ne fait que renforcer le sentiment d’une classe politique hors sol, obnubilée par ses privilèges et ses préséances. Un désastre pour notre système démocratique, déjà fragilisé par des années de crises et de désillusions. En persistant dans cette voie, nos « honorables » ne font que scier la branche sur laquelle ils sont assis. Un suicide politique à petit feu, en somme…

 

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La nécessité d’un retour aux fondamentaux de la représentation politique

Rappel des valeurs d’humilité, de service et de proximité attendues d’un élu

Il est plus que temps que nos élus redescendent de leur piédestal et se recentrent sur l’essentiel. Être député ou ministre, ce n’est pas un titre de noblesse qu’on arbore comme une décoration ! C’est avant tout une mission, une responsabilité vis-à-vis des citoyens qui vous ont accordé leur confiance. Une charge qui exige de faire preuve d’humilité, d’écoute et de proximité au quotidien. Oui, la fonction mérite le respect, mais elle ne saurait être un prétexte pour se pavaner avec des appellations pompeuses. Seuls l’engagement et le travail sur le terrain peuvent légitimer durablement un élu. Tout le reste n’est que poudre aux yeux et vaine gloriole.

 

La priorité à donner au travail et aux résultats plutôt qu’aux titres

D’ailleurs, il serait grand temps que nos « honorables » se rappellent pourquoi ils ont été élus. Leur mandat, c’est d’abord un « job » à faire, avec des dossiers à traiter, des réformes à mener, des problèmes concrets à résoudre pour améliorer la vie des Malgaches. Voilà ce qui devrait les occuper à plein temps, plutôt que de se quereller sur la façon dont on doit s’adresser à eux ! Chaque minute passée à discuter protocole et titulature est une minute perdue pour s’attaquer aux vrais défis du pays. Une dérive d’autant plus choquante quand on connaît la situation de pauvreté et de sous-développement chronique de la Grande Île. À un moment, il faut savoir raison garder et se concentrer sur les priorités. Et la priorité absolue, c’est de travailler pour redresser Madagascar, pas de jouer les divas avec un titre en toc !

 

L’importance de restaurer la confiance et le respect des citoyens envers leurs représentants

Enfin, nos chers élus devraient méditer d’urgence sur les ravages que leur attitude peut provoquer sur le lien déjà distendu entre les citoyens et leurs représentants. À force de donner l’image d’une caste privilégiée et narcissique, totalement obsédée par son statut, ils sapent dangereusement les fondements même de la démocratie représentative. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, derrière cette histoire d’appellation : la confiance et le respect que les Malgaches sont en droit d’attendre de ceux qu’ils élisent. Le véritable respect ne se décrète pas à coup de titre ronflant, il se mérite sur le terrain, par des actes concrets au service de la population. En persistant dans cette fuite en avant protocolaire, nos « honorables » ne font que fragiliser un peu plus le pacte démocratique. Il y a urgence à changer !

 

Pour conclure…

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’appellation « honorable » n’aura décidément pas fait honneur à nos députés et ministres. Au lieu de rehausser leur prestige, cette soudaine lubie protocolaire n’aura réussi qu’à les discréditer un peu plus aux yeux de l’opinion. La leçon est claire : à trop vouloir forcer le respect, on finit souvent par le perdre ! Il est plus que temps pour nos élus de se ressaisir et de se recentrer sur l’essentiel : le travail et la proximité avec les citoyens. La quête de reconnaissance passe par les actes, pas par les titres. C’est à ce prix, et à ce prix seulement, qu’ils pourront retrouver la confiance et la considération des Malgaches. L’humilité et le sens du service, voilà les vraies qualités que l’on est en droit d’attendre d’un représentant du peuple digne de ce nom. Tout le reste n’est que vanité et poudre aux yeux. Alors, chers « honorables« , il est grand temps de redescendre de votre piédestal. Votre pays a besoin de serviteurs de l’État, pas de divas en mal de reconnaissance !

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