À Madagascar, difficile d’échapper au vacarme de la campagne électorale ! Entre propagande fracassante et palabres creuses, les législatives ressemblent à une mascarade grotesque. Quand la parole politique se réduit à des coups de semonce assourdissants, que reste-t-il du précieux exercice démocratique ? Spectacle désolant que cette élection où les urnes semblent avoir déjà rendu leur verdict : celui d’un immense gâchis au détriment des véritables enjeux. Mais n’aurait-on pas trop vite fait d’enterrer le défi d’une campagne digne et respectueuse ? Plongeons dans les coulisses de ce cirque électoral pour en saisir les ressorts.
Tapage médiatique au détriment du débat
Premier constat, aussi affligeant que révoltant : le tapage médiatique a définitivement pris le pas sur le débat d’idées. Camions sonorisés à bloc, crachant leur propagande ! Les écoles et bureaux ne sont pas épargnés par ces musiques discordantes, qui auraient tôt fait de réveiller les Razana dans leurs tombes. Mais où sont donc passées les nobles joutes oratoires des tribuns d’antan ? Remplacées par cette foire d’empoigne grotesque où chacun cherche à couvrir la voix de l’autre. Un triste aveu de faiblesse pour des candidats jamais à court d’argumentaires fallacieux et de coups bas déguisés. Priorité donnée au spectacle en somme, quand bien même les véritables enjeux de la Nation se perdraient dans les aigus stridents. Un véritable fossé des campagnes électorales entre l’Europe et Madagascar.
Un électorat pris en otage ?
Devant ce déferlement de comédies populistes, on se prend à douter du discernement d’un électorat semblant pris en otage. Car le procédé est malheureusement éculé : amadouer les foules par la démagogie, plutôt que de parler sens et vérité. Nombre de candidats lorgnent sans vergogne sur les couches défavorisées, arlequins grimés en bienfaiteurs émérites. À les entendre, le « Madagasikara efa mandroso » n’est plus qu’à quelques promesses utopiques, balancées à la volée comme des coups d’épée dans l’eau.
Le pire ? Certaines voix n’hésitent pas à remettre en cause les capacités de ces mêmes citoyens à faire l’analyse critique de tels mirages. Une insulte à peine déguisée, qui en dit long sur le désamour de ces élus en puissance pour leurs ouailles. Un tel mépris démocratique, à l’heure où la Nation a justement besoin de retrouver l’esprit éclairé de ses grands penseurs !
Lire aussi : Cri d’alarme face à la corruption endémique à Madagascar
Démocratisation du pays au risque des dérives populistes
Mais au-delà des mascarades populistes, cette campagne électorale creuse soulève des questionnements bien plus profonds sur l’état de la démocratie à Madagascar. Le manque criant d’encadrement des budgets de campagne ne fait qu’avantager les plus fortunés, réduisant le scrutin à une guerre des finances. Une déviance insidieuse, quand les promesses les plus alléchantes finiront par l’emporter sur la cohérence programmatique.
Pis encore, certains n’hésitent pas à pointer du doigt ces pratiques électorales désormais réductrices et ouvertement anti-démocratiques. Des voix qui interpellent la Nation toute entière : où va-t-on si nos élus briguent le suffrage par la tromperie plutôt que par l’honnêteté ? Un tel délitement des valeurs exige un sursaut citoyen urgent, avant que la grande muette ne se mue en masse inconsciente et ingérable. Seule une prise de conscience salvatrice pourra permettre à Madagascar de se réinventer pour embrasser un véritable progrès démocratique.
Lire aussi : Tout va bien à Madagascar ! N’est-ce pas ?
Vers un sursaut démocratique à la malgache ?
Au lieu de cette course populiste à l’échalote, si les législatives devenaient l’occasion pour Madagascar d’opérer une véritable mutation démocratique ? En redonnant la parole aux citoyens éclairés par-delà les clivages traditionnels, le pays pourrait retrouver son sens de l’État et une vision de développement pérenne. Un vent de renouveau pour évacuer les relents délétères de cette mascarade électorale.
Après tout, n’est-ce pas dans l’âpre lutte pour la dignité que le peuple malgache a toujours su puiser ses plus grandes forces ? Alors pourquoi ne pas voir dans ces joutes partisanes l’opportunité de cultiver l’esprit d’indépendance et de souveraineté, loin des affres de la propagande ?