En ces temps d’austérité budgétaire, le feu vert donné au téléphérique d’Antananarivo fait déjà grincer bien des dents. Et pour cause, cette ambitieuse infrastructure de transport par câble soulève d’épineuses questions sur sa viabilité économique réelle et son utilité pour fluidifier la mobilité urbaine dans la capitale malgache. Un sacré pari qui prend des allures de véritable gouffre financier pour un mirage de solution durable au casse-tête des embouteillages monstrueux de la Ville des milles.
Téléphérique à Antananarivo : Un luxe urbain inabordable pour les Malgaches
Le constat est implacable : avec un ticket d’accès fixé aux alentours de 4000 ariary, le téléphérique d’Antananarivo risque bien de rester un luxe inaccessible pour l’immense majorité des ménages malgaches. À titre de comparaison, le tarif du transport en commun est à 600 ariary… Une démesure tarifaire qui fait d’emblée de ce transport par câble un jouet réservé aux privilégiés de la capitale plutôt qu’une véritable alternative démocratique pour la mobilité du plus grand nombre.
La réalité financière est donc sans appel : seule une infime frange aisée pourra véritablement se payer le privilège d’emprunter ces navettes aériennes, hypothéquant d’entrée la rentabilité d’un tel ouvrage pharaonique. Un manque criant d’accessibilité financière qui risque bien de précipiter cette infrastructure de pointe dans un abîme budgétaire sans fond…
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Un tracé en décalage avec les réalités du trafic
Mais ce n’est pas tout ! Même en mettant de côté ces considérations économiques, force est de constater que le tracé initialement prévu pour le téléphérique semble aux antipodes des priorités pour décongestionner Antananarivo. Exit les zones les plus problématiques comme Anosy, Anosizato ou encore Ampasika et Itaosy, réputées pour leurs énormes bouchons : le transport par câble ne desservira aucun de ces points noirs de la mobilité urbaine !
Un choix pour le moins surprenant qui relègue d’emblée cette pharaonique infrastructure au rang de vitrine touristique plutôt que de véritable outil de fluidification des transports. On se demande bien quelles pistes d’investissements sérieuses ont été étudiées avant de se lancer dans un tel projet aussi onéreux que déconnecté des réalités du terrain…
Électricité et routes d’abord ! Les vraies urgences oubliées
Mais n’y a-t-il pas d’autres priorités bien plus criantes à résoudre avant de se lancer dans les grands travaux du téléphérique d’Antananarivo ? On pense notamment au pitoyable état de délabrement généralisé des infrastructures routières à Antananarivo et dans tout le pays. Routes défoncées, affreux nids-de-poule à chaque carrefour… Voilà qui devrait logiquement mobiliser bien avant tout projet aérien !
Sans oublier cet autre chancre chronique : les interminables coupures d’électricité et pénuries d’eau potable de la JIRAMA qui gangrènent le quotidien des ménages. Autant d’urgences qui mériteraient bien plus que les airs de grandeur du transport par câble pour améliorer concrètement les conditions de vie et la mobilité urbaine des Malgaches. Des investissements bien plus judicieux que cette grandiose chimère qui semble décidément bien déconnectée des réalités…
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Un engouement éphémère pour la nouvelle attraction de la capitale ?
Si toutes ces critiques ont de quoi refroidir les plus chauds partisans, il ne faudrait toutefois pas sous-estimer l’engouement initial que pourrait susciter le téléphérique auprès des Tananariviens. Dans un premier temps, même pour un trajet court comme Anosy – Analakely (largement faisable à pied en 15 minutes), les nouvelles navettes aériennes risquent bien de faire le plein.
Car au-delà de son utilité réelle, c’est l’appel de la nouveauté et de l’attraction touristique qui motivera les curieux. Entre l’attrait d’expérimenter cette infrastructure en vogue, la promesse de points de vue panoramiques pour les photographes amateurs, et l’opportunité de réaliser les prochains selfies tendance à partager sur les réseaux sociaux, le transport par câble a de quoi séduire l’esprit « tia vao » si caractéristique des Malgaches, toujours avides de découvertes.
Le téléphérique d’Antananarivo, un leurre aérien pour un pays aux pieds d’argile
Reste à voir si cet émerveillement de la nouveauté suffira à assurer la pérennité du téléphérique d’Antananarivo sur le long terme. Ou si une fois la ferveur initiale retombée, la capitale retombera dans la même ornière avec ses embouteillages monstres, une infrastructure élitiste venue en plus grever lourdement les finances publiques… Autant d’interrogations qui planent sur ce transport par câble, pari risqué pour la Ville des mille et ses responsables. Un mirage aérien dans les nuages quand les vraies urgences ont les pieds bien ancrés sur la terre battue des réalités malgaches !
