Les délestages font désormais partie du quotidien des habitants de la capitale Antananarivo. Comme nous le rapporte notre blog sur Madagascar, le ras-le-bol de la population face aux coupures d’électricité interminables a atteint un point de non-retour ce week-end. Des manifestations spontanées ont éclaté dans plusieurs quartiers, les résidents excédés n’en pouvant plus de subir jusqu’à 8 heures de délestage par jour. Certains témoignent d’à peine 2 heures de courant sur une journée entière. Un calvaire au quotidien, aggravé par le manque de transparence et de fiabilité de la JIRAMA, la compagnie nationale censée gérer eau et électricité. Les coupures d’eau et les délestages à Madagascar ne respectent jamais les horaires annoncés.
La colère est à son comble et la contestation risque fort de se généraliser face à l’incurie des autorités. Car au-delà de vagues promesses, aucune amélioration n’est en vue. Il faudra attendre la saison des pluies en décembre, nous dit-on, pour que le barrage d’Andekaleka fonctionne à nouveau. D’ici là, les Malgaches continueront de vivre au rythme des délestages et des pénuries d’eau. Un immense bravo à la JIRAMA et à l’État malgache pour leur efficacité légendaire !
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Répression policière : La dérive autoritaire du régime malgache
Mais le plus consternant dans cette crise sociale qui s’annonce, c’est la réponse purement sécuritaire et répressive des autorités. Alors que la liberté de manifester est un droit fondamental en démocratie, l’État malgache choisit la manière forte. Déjà, deux manifestants ont été arrêtés à Ambohipo. Les forces de l’ordre, ou plutôt de répression, multiplient les menaces pour tenter d’étouffer la contestation. Pourtant, sauf erreur de notre part, exprimer son ras-le-bol face aux délestages à Madagascar et réclamer un accès décent à l’eau n’a rien d’un crime.
Mais visiblement, le pouvoir en place en a décidé autrement. En réprimant violemment des manifestations légitimes, le régime franchit une nouvelle étape vers l’État totalitaire. Les standards démocratiques internationaux sont piétinés. En s’obstinant dans cette dérive autoritaire, les dirigeants prennent le risque d’un embrasement incontrôlable. Car à force de pousser la population à bout, entre délestages insupportables et répression aveugle, l’explosion sociale n’est plus très loin.
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L’urgence de rétablir l’État de droit et les services publics essentiels
Il est plus que temps pour le gouvernement de changer radicalement de cap, avant que l’irréparable ne se produise. La priorité absolue doit être de rétablir l’État de droit, en garantissant la liberté de manifester et en mettant fin aux dérives sécuritaires. Plutôt que de réprimer son peuple, la responsabilité des dirigeants est de répondre enfin à ses besoins vitaux. L’accès à l’eau potable et à l’électricité n’est pas un luxe, mais un droit humain fondamental. Il faut des mesures concrètes et rapides pour mettre fin aux délestages à Madagascar, pas des effets d’annonce et de la répression.
C’est une question de survie pour des millions de malgaches qui n’en peuvent plus des coupures d’eau et de l’électricité. C’est aussi la condition pour rétablir un minimum de confiance envers les autorités, en prouvant leur capacité à assurer les services publics de base. Sinon, la crise sociale qui couve risque fort de balayer ce régime incapable de répondre aux attentes élémentaires de son peuple. Seul le retour de l’État de droit, du dialogue et d’un accès décent à l’eau et à l’électricité pourra ramener la paix sociale.