Le ministre de la Justice, Benjamin Alexis Rakotomandimby, a une nouvelle fois annoncé des réformes pour lutter contre la corruption au sein du système judiciaire malgache. Lors d’un atelier à l’École nationale des greffes et des magistrats, le ministre a affirmé qu’il était nécessaire d’assainir les tribunaux. Pourtant, ces déclarations ne sont pas nouvelles. Depuis des années, chaque ministre à la tête de ce département s’engage à combattre la corruption, sans résultat tangible. Le mal est profondément enraciné et, sans volonté politique réelle, ces annonces ne semblent être que des coups d’épée dans l’eau.

 

Un panier de crabes : La justice malgache, un système gangrené

La corruption au sein du système judiciaire malgache est devenue plus qu’un fléau. C’est une réalité quotidienne que de nombreux citoyens doivent affronter lorsqu’ils cherchent justice. Juges, procureurs, greffiers, et gardiens de prison, tous participent, d’une manière ou d’une autre, à ce système corrompu. Les pots-de-vin, les faveurs personnelles et les pressions politiques sont monnaie courante. Ce système judiciaire malgache est comparé à un panier de crabes, où chacun protège ses intérêts au détriment de la vérité et de l’équité.

Cette situation de corruption généralisée a des conséquences désastreuses sur la société malgache. Les citoyens ordinaires, souvent sans moyens, se retrouvent pris au piège d’un système injuste, tandis que ceux qui ont des ressources financières ou des relations influentes peuvent manipuler les décisions judiciaires à leur avantage. Cela crée une fracture sociale profonde et entretient un sentiment d’impunité chez les plus puissants.

 

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Les organes anticorruption : Des moyens sans effets

Madagascar dispose de plusieurs institutions supposées lutter contre la corruption généralisée. Parmi elles, on peut citer le Bureau indépendant anticorruption (BIANCO), le Comité de sauvegarde de l’intégrité (CSI) ou encore le Pôle anti-corruption. Ces structures ont été mises en place pour enquêter et punir les actes de corruption, mais leur efficacité reste largement contestée. Malgré les enquêtes et les arrestations sporadiques, la corruption continue de prospérer.

Ces organes, bien que nécessaires sur le papier, manquent de moyens réels pour mener à bien leur mission. Leurs actions se limitent souvent à des enquêtes qui n’aboutissent pas, ou à des poursuites contre de petits fonctionnaires. Les véritables responsables, ceux qui se trouvent au sommet de la hiérarchie, restent intouchables. Cela crée un sentiment de frustration chez la population qui, au fil du temps, a perdu toute confiance en ces institutions.

 

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Réformes ou coups de communication ?

Les réformes annoncées par le ministre de la Justice s’inscrivent dans une longue lignée de promesses faites par les précédents ministres. Pourtant, sur le terrain, rien ne change. Chaque nouveau responsable arrive avec des promesses de transparence, de lutte contre la corruption généralisée, mais ces annonces semblent se dissiper aussi rapidement qu’elles sont faites.

La raison en est simple : la corruption est devenue systémique. Elle touche tous les échelons du système judiciaire malgache. Dès qu’une personne tente de s’attaquer à ce problème, elle se heurte à un réseau bien établi, où chaque acteur protège ses intérêts. Il est difficile, voire impossible, d’introduire de véritables réformes dans un environnement où chacun a quelque chose à perdre. Les annonces de réforme finissent donc par être perçues comme de simples coups de communication, destinés à apaiser les esprits sans jamais apporter de changements réels.

 

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Un château de cartes qui s’effondre : La justice malgache au bord de l’effondrement

Le système judiciaire malgache est comparable à un château de cartes, fragile et instable. Chaque acteur, qu’il s’agisse de juges, de procureurs ou de greffiers, est impliqué dans ce réseau de corruption et s’efforce de préserver son statut. Mais ce château de cartes pourrait s’effondrer à tout moment, car les fondations sont minées par des décennies d’inaction et de protection des élites.

Tant que les réformes annoncées ne seront pas suivies de faits concrets, tant que les véritables responsables ne seront pas inquiétés, la corruption généralisée continuera de ronger le pays. La justice, qui devrait être un pilier de l’État de droit, devient au contraire un instrument de privilège pour les plus puissants, tandis que les citoyens ordinaires voient leur espoir de justice s’effondrer, tout comme ce château de cartes.

En fin de compte, la lutte contre la corruption ne pourra être gagnée qu’avec une réelle volonté politique et une action concrète. Pour l’instant, il ne s’agit que de promesses creuses qui laissent les citoyens sceptiques face à un système dont les racines sont profondément ancrées dans le mal.

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