Le programme de protection sociale « Tsimbina », récemment lancé par le président malgache Andry Rajoelina, se présente comme une initiative ambitieuse destinée à alléger le fardeau des ménages économiquement vulnérables face à l’inflation galopante. Mais au-delà des chiffres impressionnants, que représente réellement ce programme pour les bénéficiaires et pour l’économie nationale ?

 

Un plan de soutien aux allures ambitieuses

Le coup d’envoi du programme « Tsimbina » a été donné en grande pompe au gymnase couvert de Mahamasina, marquant une nouvelle étape dans la stratégie de protection sociale du gouvernement malgache. Annoncé comme un soutien direct à 821 250 ménages répartis sur l’ensemble des 23 régions du pays, le programme prévoit de distribuer 200 000 Ariary par ménage, en deux tranches égales.

L’objectif ? Soulager temporairement ces familles des effets ravageurs de l’inflation, tout en leur permettant de financer des besoins essentiels comme la scolarité de leurs enfants. Un discours qui se veut rassurant, mais qui n’a pas manqué de soulever des interrogations.

 

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Une réponse insuffisante aux défis économiques

Pour les critiques, 200 000 Ariary, soit environ 40 euros, est une somme dérisoire face à l’ampleur des défis économiques auxquels sont confrontées les familles malgaches. En effet, dans un contexte où le coût de la vie ne cesse d’augmenter, cette aide ne représente qu’une goutte d’eau dans l’océan des besoins financiers des ménages.

« 200 000 Ariary pour combien de temps ? » s’interrogent les sceptiques. En un mois, une famille de trois à quatre personnes dépense bien plus que cette somme, ce qui rend cette aide éphémère et insuffisante pour faire face aux réalités économiques du quotidien. D’autres encore soulignent que cet argent aurait pu être utilisé de manière plus stratégique, par exemple pour recruter des fonctionnaires dans des secteurs critiques comme la santé ou l’éducation.

 

Une distribution jugée inéquitable et politique

Au-delà du montant, c’est également le processus de distribution de cette aide qui est vivement critiqué. Des accusations fusent concernant une répartition biaisée en faveur des proches du pouvoir ou des personnes disposant de connexions politiques. La sélection des bénéficiaires, bien que soumise à des critères stricts, est perçue par certains comme étant avant tout un outil de clientélisme politique.

Cette perception est renforcée par les commentaires acerbes de citoyens qui dénoncent une aide qui n’atteint que « les mêmes », laissant de côté la grande majorité des démunis. Certains évoquent même une instrumentalisation des aides sociales à des fins de propagande, destinée à renforcer la légitimité du président Rajoelina, en particulier auprès de la communauté internationale.

 

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Le dilemme du développement humain

L’argument central du programme Tsimbina repose sur son potentiel à soutenir le développement du capital humain, en permettant aux ménages d’investir dans l’éducation de leurs enfants. Cependant, les critiques rappellent que ce type de soutien monétaire, s’il n’est pas accompagné de réformes structurelles profondes, ne peut à lui seul résoudre les problèmes de fond tels que la pauvreté systémique et le manque d’accès à des services publics de qualité.

La métaphore du poisson et de la canne à pêche est souvent évoquée : plutôt que de donner du poisson (une aide ponctuelle), pourquoi ne pas offrir une canne à pêche (un emploi stable) qui permettrait aux bénéficiaires de subvenir durablement à leurs besoins ? Cette critique met en lumière la nécessité d’une approche plus holistique et durable pour lutter contre la pauvreté.

 

Un effet d’annonce ou une véritable aide ?

Le programme « Tsimbina » s’inscrit dans une logique de soutien immédiat, mais laisse de nombreuses questions en suspens quant à son efficacité réelle et sa portée à long terme. Si l’intention du gouvernement de soutenir les ménages vulnérables est louable, la mise en œuvre de ce programme suscite un débat crucial sur les meilleures stratégies à adopter pour un développement durable à Madagascar.

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