Le téléphérique d’Antananarivo, ce serpent de métal censé révolutionner la mobilité urbaine de la capitale malgache, a finalement montré le bout de son nez. Inauguré en grande pompe par les autorités, ce projet présidentiel phare suscite pourtant plus de questions que d’enthousiasme. Car si les discours dithyrambiques et les rubans coupés ont bien eu lieu, les cabines, elles, restent désespérément vides. Une situation qui laisse un goût amer aux Tananariviens, contraints d’attendre encore plusieurs mois avant de pouvoir emprunter ce transport par câble tant vanté. À quoi bon alors cette cérémonie en fanfare, si ce n’est pour gonfler l’ego des dirigeants ? Le téléphérique d’Antananarivo serait-il devenu le symbole d’une politique de l’esbroufe à Madagascar ?

 

Les effets d’annonce : Stratégies de communication et réalité

Dans la capitale malgache, les effets d’annonce ont la peau dure. Le cas du téléphérique d’Antananarivo en est l’exemple parfait. Depuis des années, le gouvernement nous vend du rêve à coups de communiqués triomphants et d’images de synthèse rutilantes. On nous promet monts et merveilles : désengorgement miraculeux des axes routiers, gain de temps phénoménal pour les usagers, révolution de la mobilité urbaine… Le tout enrobé d’un discours sur le « développement » et la « modernité » censé faire saliver les investisseurs étrangers.

Mais qu’en est-il vraiment sur le terrain ? Le contraste est saisissant. Les travaux s’éternisent, les délais sont constamment repoussés, et le budget initial explose. Pendant ce temps, les autorités continuent leur matraquage médiatique, multipliant les visites de chantier en grande pompe et les déclarations grandiloquentes. Une stratégie de communication bien rodée, hélas trop familière à Madagascar. Souvenez-vous du fiasco du projet « Tanamasoandro », du « flyover d’Anosizato » annoncés à grand renfort de publicité, mais toujours au point mort. Le téléphérique d’Antananarivo semble bien parti pour rejoindre ce triste palmarès des promesses non tenues.

 

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Inauguration du téléphérique d’Antananarivo : Un coup de pub ou une réelle avancée ?

L’inauguration du téléphérique d’Antananarivo va rester dans les annales comme un modèle du genre en matière de mise en scène politique. Imaginez : une armada d’officiels en costume-cravate, des discours interminables vantant le « génie visionnaire » du Président, une ribambelle de journalistes savamment triés sur le volet… Tout y était pour donner l’illusion d’une grande réussite nationale. On a même poussé le vice jusqu’à faire monter quelques « heureux élus » dans les cabines pour un tour de manège inaugural, histoire de faire croire que le système était opérationnel.

Mais une fois les caméras éteintes et les politiciens repartis dans leurs 4×4 climatisés, que reste-t-il ? Un chantier toujours en cours, des stations fantômes, et surtout des Tananariviens médusés qui se demandent à quoi rime tout ce cirque. Car la réalité est bien moins reluisante : il faudra encore patienter de longs mois avant de voir le téléphérique d’Antananarivo réellement en service. Un décalage flagrant qui ne fait qu’accentuer le sentiment de défiance de la population envers ses dirigeants. À force de vendre du vent, le pouvoir risque bien de récolter la tempête.

 

Accessibilité et tarification : Un service pour qui ?

Le téléphérique d’Antananarivo, ce bijou technologique tant vanté, risque de rester un luxe inaccessible pour bon nombre de Tananariviens. Avec un ticket à 3000 ariary, soit le prix d’un repas pour certains, on est loin du transport populaire promis. Certes, c’est moins cher qu’un taxi, mais pour combien de temps ? L’histoire nous a appris à nous méfier des tarifs d’appel alléchants.

Et quid des fameux tarifs sociaux pour les étudiants et les seniors ? Une belle promesse sur le papier, mais dont l’application concrète reste floue. On nous parle de « subventions », mais qui va réellement payer la différence ? Les contribuables, pardi !

Comparons un peu : un trajet en bus coûte 600 ariary, cinq fois moins cher. Dans ces conditions, le téléphérique d’Antananarivo risque de devenir le symbole d’une mobilité urbaine à deux vitesses, creusant encore le fossé entre riches et pauvres à Madagascar. Un comble pour un projet présidentiel censé améliorer le quotidien de tous !

 

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Les défis techniques et organisationnels en suspens

Derrière le clinquant de l’inauguration du téléphérique d’Antananarivo, une myriade de défis techniques et logistiques restent à relever. Les essais à vide, menés à la va-vite, ont révélé des dysfonctionnements inquiétants : vibrations anormales, problèmes d’alignement des câbles, sans parler des coupures d’électricité chroniques qui menacent la sécurité du système.

Côté exploitation, c’est le flou artistique. Deux propositions ont été reçues, nous dit-on, mais lesquelles ? Mystère et boule de gomme. Le processus de sélection de l’exploitant semble s’éterniser, laissant planer le doute sur la capacité réelle à gérer ce transport par câble high-tech.

Et que dire de la formation du personnel ? Aucun Malgache n’a l’expérience d’un tel système. Va-t-on encore faire appel à des experts étrangers hors de prix ? Autant de questions qui restent en suspens, tandis que l’horloge tourne et que les Tananariviens s’impatientent. Le téléphérique d’Antananarivo risque de rester longtemps cloué au sol si ces problèmes ne sont pas résolus rapidement.

 

Téléphérique d’Antananarivo : Une modernisation en demi-teinte

Le téléphérique d’Antananarivo, incarnation d’une modernité rêvée pour Madagascar, semble bien parti pour rester un mirage urbain. Entre effets d’annonce tapageurs et réalité bien moins reluisante, le fossé se creuse, érodant la confiance déjà fragile des citoyens envers leurs dirigeants.

L’accessibilité financière, promesse phare du projet, s’avère un leurre pour la majorité des Malgaches. Quant aux défis techniques, ils s’accumulent comme autant d’obstacles sur la voie de la concrétisation. Cette inauguration prématurée, loin de rassurer, soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses.

Ce projet présidentiel, censé révolutionner la mobilité urbaine, risque de devenir le symbole d’une gestion hasardeuse des deniers publics. Il est grand temps que les autorités cessent ces mises en scène stériles pour se concentrer sur une approche plus pragmatique et transparente. C’est à ce prix que la confiance pourra être restaurée et que le téléphérique d’Antananarivo pourra peut-être, un jour, tenir ses promesses.

 

Des paillettes sans concrétisation

Le téléphérique d’Antananarivo incarne parfaitement le mal qui ronge la gestion des projets publics à Madagascar : trop de paillettes, pas assez de substance. Cette déconnexion flagrante entre les annonces grandiloquentes et la réalité du terrain ne fait qu’accentuer la méfiance des citoyens.

Il est urgent que les autorités adoptent une approche plus transparente et réaliste. Moins de coups d’éclat médiatiques, plus de travail de fond. C’est à cette condition que des projets comme ce transport par câble pourront réellement améliorer le quotidien des Malgaches, plutôt que de rester des coquilles vides alourdissant la dette du pays.

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