74 ans, deux échecs cuisants aux présidentielles, et une candidature à la mairie d’Antananarivo qui part en fumée. Marc Ravalomanana, l’éternel revenant de la politique malgache, semble accumuler les revers ces derniers temps. Face à cette série noire, une question s’impose : n’est-il pas temps pour le vieux lion de raccrocher les gants ? De troquer les joutes électorales pour une retraite bien méritée ? Car après tout, il y a un temps pour tout, même pour les ambitions les plus tenaces. Et si l’heure était venue pour Ravalomanana de passer le flambeau, de profiter enfin de ses vieux jours ?

 

Les arguments en faveur d’une retraite

 

Profiter de ses vieux jours

Imaginez un peu : Marc Ravalomanana, libéré du poids des responsabilités politiques, savourant enfin les joies simples de la vie. Lui qui a tant donné pour son pays, n’a-t-il pas le droit de penser un peu à lui, à ses proches ? De passer du temps avec ses petits-enfants, de leur transmettre sa sagesse, son expérience, sans être constamment interrompu par une crise à gérer ou une échéance électorale.

Et puis, il y a tous ces voyages qu’il pourrait enfin s’offrir, ces horizons nouveaux à découvrir, sans avoir à se soucier de l’agenda politique. Le globe-trotter qu’il est pourrait assouvir sa soif de découvertes, enrichir sa vision du monde. Et pourquoi ne pas mettre son expérience au service des autres, en partageant son vécu lors de conférences inspirantes ? Transmettre, guider, éclairer, loin des querelles partisanes.

 

Une situation financière confortable

Bien sûr, se retirer de la vie politique active a un coût. Mais avec sa situation financière plutôt confortable, Ravalomanana a le luxe de pouvoir lever le pied sans craindre pour son train de vie. Il a su, au fil des années, se bâtir un petit empire économique qui le met à l’abri du besoin. De quoi envisager sereinement une retraite dorée, loin des turbulences politiques.

 

Un combat perdu d’avance ?

Mais il y a une ombre au tableau, un constat qui rend l’hypothèse de la retraite plus pressante encore : l’état du pays. Madagascar s’enfonce jour après jour dans une crise profonde, gangrenée par un système mafieux qui paralyse toute velléité de changement. Les réseaux clientélistes, la corruption endémique, les intérêts obscurs… Autant de maux qui font de la politique malgache un véritable nid de serpents.

Dans ce contexte délétère, même les plus vaillants réformateurs semblent condamnés à l’impuissance. C’est un peu David contre Goliath, mais sans la fronde miraculeuse. Alors, est-il raisonnable pour Ravalomanana de s’obstiner dans cette mission quasi impossible ? De sacrifier ses vieux jours dans une bataille perdue d’avance ? C’est tout le dilemme du patriote, écartelé entre son devoir et la dure réalité du terrain.

 

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Ravalomanana, un battant qui ne renonce pas

 

Une forte personnalité

Mais connaissant le personnage, il y a peu de chances qu’il abdique si facilement. Car Marc Ravalomanana, c’est un sacré client. Un battant, un obstiné, le genre à ne jamais renoncer, même quand tout semble perdu. Sa détermination légendaire en a fait un acteur incontournable de la scène politique malgache, pour le meilleur et pour le pire.

Ancien self-made man devenu président, il a su se faire un nom par sa ténacité et sa force de caractère. Un leadership à l’ancienne, fait de charisme et de poigne, qui lui a valu autant de fidèles que d’ennemis. Mais qu’on l’admire ou qu’on le déteste, une chose est sûre : Ravalomanana n’est pas du genre à fuir devant l’adversité. Tel un roc dans la tempête, il affronte les obstacles avec une obstination presque irritante, convaincu de son bon droit et de sa mission.

 

L’obstination malgré les obstacles

Et des obstacles, il en a connu son lot ces derniers temps. Entre les manœuvres politiciennes pour l’empêcher de briguer la mairie d’Antananarivo et les campagnes de dénigrement orchestrées par ses adversaires, Ravalomanana a été servi. Mais à chaque coup encaissé, il s’est relevé, prêt à repartir au combat. Inoxydable, increvable.

Cette obstination forcenée, c’est sa marque de fabrique. Là où d’autres baissent les bras, lui s’accroche, avec une foi presque mystique en sa bonne étoile. Chaque échec semble renforcer sa détermination, chaque trahison attise son désir de revanche. C’est un peu le Sisyphe de la politique malgache, condamné à rouler inlassablement son rocher, sans jamais atteindre le sommet. Mais il trouve dans cette lutte sans fin une forme de grandeur, une raison d’être.

 

Patriotisme ou entêtement ?

Alors, jusqu’où ira cette obstination ? Faut-il y voir la noblesse du patriote prêt à tout pour son pays, ou la vanité d’un homme incapable de passer la main ? La frontière est mince entre la ténacité louable et l’entêtement contre-productif. En s’accrochant coûte que coûte, Ravalomanana ne risque-t-il pas de devenir un obstacle au changement, un frein à l’émergence d’une nouvelle génération politique ?

C’est tout le paradoxe du personnage : sa plus grande force est peut-être aussi sa principale faiblesse. Cette volonté inflexible, cette foi du charbonnier en sa mission, qui lui ont permis de gravir les échelons et d’accomplir de grandes choses, pourraient bien le desservir aujourd’hui. Dans un pays qui aspire à tourner la page, à renouveler sa classe dirigeante, l’obstination de Ravalomanana apparaît presque anachronique, comme un vestige d’une autre époque.

Mais allez donc dire cela au principal intéressé ! Pour lui, renoncer serait comme trahir son destin, son pays. Alors il continuera à se battre, envers et contre tout, persuadé que Madagascar a encore besoin de lui. Et peu importe si c’est un combat d’arrière-garde, une quête donquichottesque. Ravalomanana est ainsi fait : inflexible, droit dans ses bottes, prêt à en découdre jusqu’à son dernier souffle. Un patriote obstiné, pour le meilleur et pour le pire.

 

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Les perspectives d’avenir

 

Un combat qui ne fait que commencer

Que vous soyez team Ravalomanana ou pas, une chose est sûre : le vieux briscard n’a pas dit son dernier mot. Tel un Rocky Balboa de la politique malgache, il se relève après chaque round, prêt à en découdre jusqu’à la dernière reprise. Ses opposants feraient bien de ne pas crier victoire trop vite et de s’armer de patience, car déloger Ravalomanana, c’est un peu comme jouer au Whac-A-Mole : à peine l’a-t-on fait disparaître qu’il resurgit, plus combatif que jamais.

Il faut dire que l’ancien président a de la ressource, et une capacité à rebondir qui forcerait presque l’admiration. Chaque coup encaissé semble le galvaniser, chaque obstacle lui donne une nouvelle raison de se battre. C’est un peu le Terminator de la Grande Île : « I’ll be back », et pas que pour faire de la figuration !

 

La question de la succession

Mais au-delà de l’épopée personnelle de Ravalomanana, c’est la question de l’avenir politique de Madagascar qui se pose en filigrane. Combien de temps encore le pays peut-il se permettre d’avoir un éternel revenant comme figure de proue ? N’est-il pas temps de passer le flambeau à une nouvelle génération, porteuse d’un souffle nouveau ?

C’est tout le paradoxe de la situation actuelle : en s’accrochant indéfiniment au devant de la scène, Ravalomanana risque, malgré lui, de freiner l’émergence de nouveaux leaders. Son ombre tutélaire plane sur le paysage politique, tel un chêne majestueux qui empêcherait les jeunes pousses de s’épanouir.

Pourtant, la question d’une passation en douceur finira par s’imposer, et le vieux lion serait bien avisé d’y réfléchir dès maintenant. Plutôt que de partir dans un dernier baroud d’honneur électoral, ne serait-il pas plus sage de se poser en mentor, en passeur ? D’œuvrer en coulisses à préparer la relève, à transmettre son expérience et sa vision ?

C’est peut-être là le plus grand défi qui attend Ravalomanana : réussir sa sortie, trouver la manière la plus élégante et constructive de tirer sa révérence. Un dernier tour de piste en forme de testament politique, pour laisser une empreinte durable et positive sur le destin de son pays. La plus belle victoire n’est pas toujours celle qu’on remporte dans les urnes, mais celle qui permet de construire l’avenir sur des bases solides.

 

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Les douze coups de minuit pour le vieux lion ?

L’avenir politique de Ravalomanana ? Aussi incertain qu’un tirage du loto. Entre ses ambitions intactes et une conjoncture nationale délétère, difficile de prédire de quel côté penchera la balance. Mais une chose est sûre : pendant que le vieux lion s’accroche à son rêve de reconquête, Madagascar continue de s’enfoncer dans une spirale de crises sans fin.

Il est peut-être temps, pour le pays, d’entamer une grande réflexion sur son avenir. De se choisir un nouveau capitaine, capable de tracer une route claire et d’emmener tout l’équipage vers des horizons plus radieux. Car au final, l’enjeu n’est pas tant la survie politique d’un homme, fût-il légendaire, que le destin d’une nation tout entière. Aux jeunes pousses de se tenir prêtes : l’heure de la relève approche, inexorablement. Tic-tac, tic-tac…

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