Le retour des coupures d’électricité. Le spectre du délestage plane à nouveau sur Antananarivo, plongeant la capitale malgache dans un chaos électrique familier. La Jirama, société nationale d’électricité, vient d’annoncer le retour des coupures tournantes, ravivant les fantômes d’un passé pas si lointain. La cause ? Un banal retard d’approvisionnement en carburant, qui suffit à mettre à genoux tout un réseau. Les centrales thermiques, véritables poumons énergétiques de l’île, tournent au ralenti, faute de fioul lourd. Résultat : des quartiers entiers se retrouvent dans le noir, parfois jusqu’à 6 heures d’affilée. Un scénario cauchemardesque qui rappelle cruellement la fragilité d’un système à bout de souffle, incapable de répondre aux besoins croissants d’une métropole en plein essor.

 

Les conséquences directes sur les petites entreprises

Les petites entreprises d’Antananarivo encaissent de plein fouet cette nouvelle vague de délestages. Pour Tom, propriétaire d’un salon de coiffure dans le quartier d’Ankadifotsy, c’est la douche froide. « Comment voulez-vous que je travaille sans électricité ? Mes clients partent, je perds de l’argent chaque heure de coupure. » Même son de cloche du côté des restaurants, où les réfrigérateurs capricieux menacent la fraîcheur des aliments. Dans les ateliers de couture, les machines restent muettes, paralysant la production. Ces interruptions incessantes ne se contentent pas de perturber le quotidien, elles saignent à blanc les trésoreries déjà exsangues de ces petites structures. Chaque coupure se traduit en chiffre d’affaires perdu, en commandes annulées, en clients mécontents. C’est tout un tissu économique local qui se trouve fragilisé par l’inconstance du courant.

 

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L’impact sur les artisans : Un coup dur pour le savoir-faire local

Le savoir-faire ancestral des artisans tananariviens n’est pas épargné par cette crise énergétique. Dans les ateliers de marqueterie du quartier d’Andravoahangy, les scies électriques restent silencieuses, les ponceuses inertes. Rakoto, maître artisan depuis 30 ans, peste : « Nos délais de livraison s’allongent, impossible de tenir nos engagements. » Cette situation précaire pousse certains clients à se tourner vers des produits d’importation, plus fiables dans leurs délais. Le risque ? Voir s’éroder un patrimoine artisanal unique, incapable de résister à la concurrence d’une production industrielle étrangère. Les brodeuses d’Isoraka, les ferronniers d’Andranomanalina, tous ces gardiens d’un art séculaire, voient leur avenir s’assombrir au rythme des coupures de courant.

 

Les effets en cascade sur l’économie d’Antananarivo

Ces délestages à répétition provoquent un effet domino dévastateur sur l’économie d’Antananarivo. La productivité globale chute en flèche, les entreprises tournant au ralenti ou s’arrêtant complètement pendant les coupures. Face à cette situation, beaucoup se ruinent en investissant dans des générateurs coûteux, grevant des budgets déjà serrés. Pire encore, cette instabilité électrique décourage les initiatives entrepreneuriales. Qui oserait lancer une start-up technologique dans un environnement si peu fiable ? L’innovation, pourtant cruciale pour le développement économique de la capitale, se trouve ainsi bridée. C’est tout l’écosystème économique tananarivien qui se trouve fragilisé, pris en otage par les caprices d’un réseau électrique défaillant.

 

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Une gestion de la crise catastrophique

La gestion de cette crise énergétique par la Jirama soulève de vives critiques. Le manque d’anticipation flagrant de la société d’État est pointé du doigt. Comment une entreprise de cette envergure peut-elle se laisser surprendre par un simple retard de livraison ? Cette imprévoyance trahit une gestion à courte vue, inadaptée aux enjeux d’une capitale en pleine croissance.

Plus grave encore, la communication de la Jirama envers les professionnels est jugée largement insuffisante. Les entreprises, prises au dépourvu, n’ont pas eu le temps de s’organiser face à ces coupures impromptues. Un entrepreneur du quartier d’Analakely fulmine : « On nous balance un planning de délestage à la dernière minute, sans aucune considération pour nos impératifs de production ! »

Cerise sur le gâteau de l’incompétence : l’absence totale de mesures compensatoires pour les entreprises affectées. Pas la moindre ristourne, pas le plus petit geste commercial pour atténuer l’impact financier de ces coupures. Une indifférence qui laisse un goût amer aux acteurs économiques, abandonnés à leur sort dans cette tourmente électrique.

 

Pistes de solutions et revendications

Face à cette situation critique, les voix s’élèvent pour exiger des solutions concrètes. En tête des revendications : la mise en place urgente d’un plan de soutien pour les secteurs économiques les plus vulnérables. Les artisans et petits commerçants, épine dorsale de l’économie tananarivienne, ne peuvent être laissés sur le carreau.

Parallèlement, l’appel à une diversification des sources d’énergie se fait de plus en plus pressant. « Il est temps que Madagascar sorte de sa dépendance aux énergies fossiles », martèle un expert en énergies renouvelables. Solaire, éolien, hydraulique : les alternatives existent pour sécuriser l’approvisionnement électrique de la capitale.

Enfin, une proposition fait son chemin : l’instauration de tarifs adaptés pour les professionnels en période de crise. L’idée ? Compenser les pertes liées aux coupures par une réduction des factures d’électricité. Une mesure de bon sens qui permettrait d’atténuer le choc économique pour les entreprises les plus touchées.

 

Un appel à l’action pour préserver le tissu économique local

L’heure n’est plus aux tergiversations. La crise énergétique qui frappe Antananarivo menace directement le tissu économique local, pilier de la prospérité de la capitale malgache. L’enjeu est crucial : il en va de la survie de milliers d’emplois et du savoir-faire ancestral des artisans tananariviens.

Seule une mobilisation collective, associant pouvoirs publics, entreprises et citoyens, permettra de trouver des solutions durables à cette équation complexe. Il est temps que Madagascar prenne en main son destin énergétique, pour construire un avenir où les coupures de courant ne seront plus qu’un lointain souvenir. L’économie d’Antananarivo, et avec elle celle de tout le pays, en dépend.

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