Les grands projets à Madagascar, c’est un peu comme les promesses d’un régime au pouvoir : ils arrivent souvent à point nommé pour gonfler les campagnes de communication, mais leur réalisation, elle, semble toujours reportée à une date indéfinie. Cette fois-ci, c’est le tour de la Jirama de faire l’objet de la dernière annonce mirifique : une rénovation complète du Réseau Interconnecté d’Antananarivo (RIA), en partenariat avec les Chinois. Mais attention, pas n’importe qui ! Il s’agit du groupe Tebian Electric Apparatus (TBEA), réputé pour sa capacité à moderniser des infrastructures électriques à travers le monde. Alors, le projet verra-t-il vraiment le jour ? Ou finira-t-il comme les fameuses autoroutes et téléphériques qui existent… sur papier ?
Un projet ambitieux, mais pour quand ?
Avec un budget impressionnant de 177 millions de dollars, ce projet, baptisé « Medium Ring Tana« , a tout pour séduire. D’autant plus qu’il s’agit de la première rénovation complète du réseau électrique en 60 ans. Selon les autorités, il inclut l’installation de 185 km de lignes à haute tension et la construction de huit nouvelles sous-stations. Le but ? Réduire les pertes en ligne, améliorer la fiabilité du réseau et, peut-être, nous éviter les délestages ou coupures d’électricité à répétition. Oui, vous avez bien lu : peut-être.
Parce que, soyons honnêtes, si l’on se fie aux délais habituels des grands projets malgaches, nous avons le temps de voir plusieurs saisons de délestage avant que les lumières ne s’allument sans interruption. Le chantier n’attendrait plus que le décaissement des fonds par Exim Bank China. Une fois les travaux commencés, il faudra patienter environ deux ans. Mais à Madagascar, deux ans peuvent rapidement se transformer en cinq, dix ou plus. Après tout, les infrastructures existantes sont déjà vieilles de 60 ans, qu’est-ce que quelques années supplémentaires à attendre ?
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Promesses, promesses… où est l’autoroute Antananarivo-Toamasina ?
Pour les sceptiques, il suffit de jeter un œil aux autres projets qui devaient révolutionner Madagascar. Prenons l’exemple de l’autoroute Antananarivo-Toamasina, une infrastructure prometteuse qui devait faciliter les déplacements entre la capitale et la côte est. Malheureusement, à ce jour, pas un seul kilomètre de bitume n’a été posé.
Et que dire du téléphérique ? Ah, celui-là, c’est tout un spectacle. Fin juin 2024, la portion reliant Anosy à Analakely a été inaugurée en grande pompe. Mais ne vous réjouissez pas trop vite : inauguré ne veut pas dire opérationnel. Aujourd’hui, en septembre 2024, le téléphérique n’est toujours pas exploité, et les autres portions jusqu’à Ambatobe sont encore en construction. Vous avez le temps de finir plusieurs randonnées avant d’espérer un trajet en cabine !
Enfin, il y a le flyover d’Anosizato. Là, on est encore au stade des maquettes. Les Tananariviens peuvent admirer ces beaux dessins, mais pour ce qui est des travaux réels, il faudra repasser. Pas une seule brique n’a été posée, et il n’y a toujours aucun calendrier pour démarrer la construction.
En somme, ces projets, tout comme celui de la rénovation du réseau électrique, semblent figurer dans la longue liste des promesses grandioses, dont la réalisation reste toujours hors de portée.
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Leçons tirées du passé : campagne de communication ou réalité ?
Il faut reconnaître que le régime actuel excelle dans les campagnes de communication. À chaque annonce de projet, la machine médiatique tourne à plein régime : conférences de presse, reportages à la télévision, visites présidentielles sur les lieux des futurs travaux. Mais sur le terrain, le peuple attend toujours. Et si cette rénovation électrique n’était qu’une autre opération de charme pour gagner du temps et faire patienter la population ?
Certes, rénover un réseau vieux de 60 ans est une nécessité. Le problème est que cela fait des années que ce type de travaux est promis. Pendant ce temps, les Tananariviens continuent de subir les coupures d’électricité fréquentes. Peut-être qu’un jour, entre une promesse et une annonce, les lumières resteront allumées plus longtemps. Mais pour l’instant, les délestages restent le quotidien de nombreux foyers.
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Vivement le jour où les lumières s’allumeront !
En attendant, le peuple malgache se montre patient. Très patient. Après tout, ce n’est pas la première fois qu’on lui promet monts et merveilles. Mais qui sait ? Peut-être que cette fois-ci, la rénovation de la Jirama verra réellement le jour, et d’ici 2026, les Tananariviens profiteront d’un réseau électrique modernisé. Mais en attendant, n’oublions pas de garder quelques bougies à portée de main, au cas où.