Les délestages à Antananarivo sont devenus le quotidien des habitants de la capitale malgache. Face à la sécheresse et à la baisse du niveau d’eau dans les barrages, la JIRAMA, la compagnie nationale d’électricité, a récemment eu recours à la provocation de pluies artificielles pour tenter de pallier le problème. Si cette solution a permis de réduire temporairement les coupures d’électricité, elle ne saurait être qu’un pis-aller. Il est temps pour la JIRAMA et les autorités de se pencher sur des solutions durables pour mettre fin aux délestages à Antananarivo.

 

Un palliatif coûteux et éphémère

La technique des pluies provoquées consiste à ensemencer des nuages déjà présents avec des substances qui favorisent la condensation, comme l’iodure d’argent. Si elle peut effectivement provoquer des précipitations, cette méthode présente de nombreuses limites. Tout d’abord, son coût est élevé, chaque opération nécessitant des moyens aériens et des produits chimiques onéreux. De plus, son efficacité reste tributaire des conditions météorologiques préexistantes : pas de nuages, pas de pluie possible. Enfin, les effets sont de courte durée, les délestages reprenant dès que les réservoirs des barrages s’assèchent à nouveau.

 

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Le potentiel inexploité des énergies renouvelables

Pour sortir durablement des délestages à Antananarivo, il est urgent que la JIRAMA se tourne vers les énergies renouvelables. Le solaire et l’éolien offrent une production stable et des coûts en constante diminution. De nombreux pays africains ont démontré qu’il était possible de développer ces filières à grande échelle, à l’image du Maroc avec son complexe solaire Noor. Madagascar dispose d’un potentiel considérable, avec un ensoleillement parmi les plus élevés au monde et des zones côtières propices à l’installation d’éoliennes. Il est temps pour la JIRAMA d’établir un plan d’investissement ambitieux dans ces énergies d’avenir, afin de réduire sa dépendance à l’hydroélectricité et aux énergies fossiles.

 

Optimiser et étendre le réseau hydroélectrique

Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille délaisser le réseau hydroélectrique existant. Un entretien régulier des infrastructures permettrait d’améliorer significativement leur rendement et de limiter les coupures d’électricité. Par ailleurs, de nombreux sites propices à la construction de nouveaux barrages ont été identifiés à travers le pays. Leur exploitation nécessitera des investissements conséquents, qui pourraient être facilités par des partenariats public-privé. C’est un chantier de longue haleine, mais indispensable pour répondre à la demande croissante en électricité de la population et des entreprises.

 

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Repenser la stratégie énergétique nationale

Au-delà de la question des délestages à Antananarivo, c’est toute la stratégie énergétique de Madagascar qui doit être repensée. Il est urgent de définir une vision à long terme, axée sur la transition vers les énergies décarbonées et la réduction de la dépendance aux combustibles importés. L’État a un rôle clé à jouer pour créer un cadre réglementaire et fiscal favorable aux investissements durables. Il doit aussi œuvrer à la sensibilisation des citoyens aux économies d’énergie, un gisement trop souvent négligé. C’est à ce prix que le pays pourra s’engager sur la voie d’un développement énergétique soutenable.

 

Il est temps d’éclairer l’avenir énergétique de Madagascar

Les délestages à Antananarivo ne sont pas une fatalité. Des solutions existent pour garantir un approvisionnement stable et durable en électricité. La provocation de pluies artificielles, si elle peut dépanner ponctuellement, ne saurait constituer une réponse pérenne. Il est urgent que la JIRAMA et les pouvoirs publics prennent la mesure du défi et engagent des actions concrètes. Développement des énergies renouvelables, optimisation du réseau hydroélectrique, maîtrise de la demande… Les chantiers ne manquent pas pour bâtir un avenir énergétique radieux pour Madagascar et mettre fin aux coupures d’électricité chroniques. La population ne demande qu’à voir la lumière au bout du tunnel des délestages. Charge aux décideurs d’en prendre la responsabilité.

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