Depuis plusieurs mois, le délestage à Madagascar est devenu un véritable cauchemar pour la population. Les coupures d’électricité atteignent jusqu’à six heures par jour, affectant le quotidien des habitants, des commerçants, et des entreprises. La situation ne fait qu’empirer, avec des manifestations nocturnes dans de nombreux quartiers de la capitale, Antananarivo. Tentons de comprendre cette crise énergétique qui met la patience des Malgaches à rude épreuve.

 

Un contexte de crise prolongée

Le délestage à Madagascar n’est pas une situation nouvelle. Depuis des années, le pays fait face à des coupures d’électricité fréquentes en raison d’un réseau vieillissant et d’un manque d’investissement dans les infrastructures énergétiques. Mais dernièrement, la crise s’est intensifiée, touchant de plus en plus de foyers et paralysant les activités des PME et des travailleurs du secteur informel.

Pour beaucoup, il est devenu presque impossible de mener des activités normales. Les restaurants, les salons de coiffure et les cybercafés sont parmi les plus durement touchés. Quand l’électricité est coupée pendant des heures, ces petites entreprises n’ont pas d’autre choix que de fermer temporairement, ce qui entraîne une perte de revenu quotidienne considérable.

 

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Réactions politiques : Entre gesticulations et tentatives d’apaisement

Face à la pression populaire, certains députés ont décidé d’interpeller le pouvoir central. Siteny Randrianasoloniaiko, vice-président de l’Assemblée nationale, est l’un de ceux qui n’ont pas hésité à critiquer ouvertement l’État. Pour lui, il ne s’agit plus de simples délestages à Madagascar, mais de véritables coupures d’électricité prolongées, sans perspective claire de retour à la normale.

Les députés majoritaires, quant à eux, se montrent plus précautionneux. Certains ont envoyé des lettres aux responsables de la JIRAMA, la compagnie nationale d’électricité et d’eau, pour demander des solutions concrètes. Mais en réalité, peu d’avancées sont perceptibles sur le terrain. On assiste davantage à des efforts symboliques qu’à des actions concrètes visant à mettre fin aux coupures.

Le président Andry Rajoelina a récemment annoncé une visite à la centrale thermique d’Ambohimanambola, en réponse aux manifestations contre les délestages à Madagascar. Lors de cette visite, il a promis de ne pas quitter les lieux tant qu’une solution concrète ne serait pas trouvée. Pourtant, un mois après une première rencontre avec les dirigeants de la JIRAMA, rien ne semble avoir changé.

Ces annonces sont perçues comme des tentatives de calmer l’opinion, à l’approche des élections municipales de décembre 2024. Le pouvoir en place sait que les délestages à Madagascar risquent de peser lourd sur les résultats électoraux, particulièrement à Antananarivo, où le mécontentement est très fort. La perte de la capitale en faveur de l’opposition serait un coup dur pour les « Orange », le parti du président.

 

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Une population au bord de l’explosion

La frustration grandit à mesure que les coupures se prolongent. Chaque soir, de nouveaux quartiers se mobilisent : Andraisoro, Tsarahonenana, Ambohipo… Les manifestations prennent souvent la forme de barrages érigés sur les routes, de pneus brûlés, et de rassemblements devant les infrastructures publiques. Pour beaucoup, c’est le seul moyen de se faire entendre. La tension est palpable, et les affrontements avec les forces de l’ordre deviennent de plus en plus fréquents.

Les gendarmes ont dû intervenir pour réprimer ces rassemblements, parfois de manière violente. Des manifestants ont été blessés ou arrêtés, ce qui ne fait qu’alimenter la colère de la population. À chaque nouvelle manifestation, le risque d’une contestation plus générale grandit, et il est clair que les autorités ne parviennent pas à contenir cette grogne qui gagne du terrain.

 

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Les impacts économiques : une économie à genoux

Les conséquences des délestages à Madagascar sur l’économie sont considérables. Les petites et moyennes entreprises souffrent terriblement de ces coupures. Pour les industries, la dépendance aux groupes électrogènes est devenue la norme, mais cette solution est coûteuse et non viable à long terme.

Les travailleurs du secteur informel, qui représentent une grande partie de l’économie malgache, sont les plus vulnérables. Sans électricité, les activités cessent, les revenus chutent, et l’incertitude grandit. Ces coupures accentuent les difficultés financières de nombreux foyers déjà frappés par l’inflation et l’insécurité grandissante.

 

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Le contexte politique : Risques pour le pouvoir en place

Avec les élections municipales de décembre 2024, la tension politique monte d’un cran. Le pouvoir en place, incarné par Andry Rajoelina et son parti « Les Orange », sait que le mécontentement croissant pourrait facilement se traduire en votes en faveur de l’opposition. La perte de la capitale, Antananarivo, serait un coup dur symbolique et politique. Les visites médiatisées à la centrale thermique et les annonces à effet d’annonce de Rajoelina semblent être une tentative de limiter les dégâts, de montrer qu’il est à l’écoute et qu’il agit. Mais, en réalité, la situation n’a guère évolué, comme le montrent les plaintes continues de la population et les coupures récurrentes.

 

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Agir avant qu’il ne soit trop tard

La grogne populaire face au délestage à Madagascar est le reflet d’une exaspération légitime. Les Malgaches veulent des solutions concrètes et immédiates, pas des annonces sans lendemain. Le pouvoir central a la responsabilité de prouver qu’il est à l’écoute des besoins de la population. Sans cela, les manifestations pourraient bien ne pas s’arrêter de sitôt, et la crise énergétique deviendrait alors une crise politique majeure.

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