Chers lecteurs du « Blog sur Madagascar », préparez-vous à vivre une campagne municipale haute en couleurs et en décibels dans notre chère capitale ! La dernière sortie de Mme Ram, candidate du parti au pouvoir, n’est pas passée inaperçue. Retour sur un meeting qui restera dans les annales de l’humilité politique.
Un meeting sous le signe de l’humilité… ou presque !
Ambiance électrique au gymnase couvert ce samedi. Les militants sont chauffés à blanc, les banderoles rutilantes et les slogans bien rodés. Mme Ram arrive enfin sous les vivats de la foule. Costume impeccable, brushing parfait, sourire étincelant. Tout est calculé au millimètre près.
Et là, c’est le moment que tout le monde attendait : LA déclaration choc. « Je suis la seule candidate du pouvoir. Ne cherchez plus ailleurs« . Waouh… Voilà qui a le mérite d’être clair. Pas de fausse modestie, on assume son statut sans complexe. Et tant pis pour les grincheux qui crieront à l’arrogance.
D’ailleurs, en matière de discours immodestes, Mme Ram n’a pas à rougir de la comparaison avec certains ténors de la politique nationale. Disons qu’elle apprend vite et bien. Leçon n°1 : Quand on est le favori, inutile de faire dans la dentelle, autant assumer son costume de super-héros.
Lire aussi : Les municipales à Antananarivo sonneraient-elles le glas du régime actuel ?
La Capitale, un territoire conquis d’avance ?
« La ville nous appartient, nous sommes les plus forts« . Voilà une conception pour le moins originale de la démocratie locale. Depuis quand une ville « appartient » à un parti ? Les Tananariviens apprécieront.
Cela pose aussi la question de la « force » en politique. Force du nombre de militants ? Force des sondages ? Ou force des convictions et des projets ? Gageons que les électeurs sauront faire la part des choses.
En attendant, les slogans de Mme Ram font mouche. « En avant vers la victoire ! », « Une nouvelle ère commence ! ». Avec autant de confiance et d’enthousiasme, on en oublierait presque les embouteillages monstres, les coupures d’eau à répétition et l’insécurité galopante. La magie de la campagne…
L’administration, arbitre impartial ou cheerleader dévouée ?
Autre sujet qui fâche : la neutralité de l’administration. Ou plutôt son absence, diront les mauvaises langues. Voir tous ces hauts fonctionnaires et élus acquis à la cause de Mme Ram, cela en dit long sur l’impartialité des arbitres du scrutin.
Mais est-ce si surprenant ? Après tout, un bon soldat ne va pas critiquer son général en public, surtout en temps de « guerre« . Et puis, il faut bien assurer ses arrières et penser à l’après 11 décembre. Les carrières dans les ministères et les collectivités ne dépendront pas du clan des perdants, c’est une certitude.
Cela dit, il y a soutien et soutien. Trop en faire peut devenir contre-productif et tendrait à crédibiliser les soupçons de tripatouillage des urnes. Un peu de retenue que diable ! Laissez un peu de grain à moudre à l’opposition, elle ronge déjà son frein.
Lire aussi : Les meilleures stratégies pour gagner une élection et se maintenir au pouvoir
Attention à ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué !
Mme Ram et ses soutiens devraient pourtant savoir qu’en politique, rien n’est jamais joué d’avance. N’ont-ils pas en mémoire le hold-up du siècle lors des dernières élections ? Ou les couleuvres qu’ils ont dû avaler en province ?
Bref, l’excès de confiance, c’est comme l’excès de cholestérol. Au début, on ne sent rien, et puis un jour, c’est l’accident cardiaque. Alors, de grâce, un peu d’humilité et de fair-play. La majorité silencieuse n’est pas dupe, elle aime juste se faire un peu désirer.
Après tout, le suspense, c’est ce qui donne du piment à une élection, non ?