Chers lecteurs, chers contribuables Tananariviens, préparez-vous à être éblouis ! Notre cher leader suprême, celui dont on ne doit pas prononcer le nom sous peine de gagazo, est en pleine opération séduction dans la capitale. Et pour cause : les élections municipales approchent à grands pas et il faut absolument contrer la menace que représente le fils de son grand rival. Alors, il sort le grand jeu et déploie ses armes de charme massives.
Crise de l’eau et de l’électricité à Antananarivo : Il promet monts et merveilles
Première étape de son plan machiavélique : régler la crise de l’eau et de l’électricité. Et pour cela, il a plus d’un tour dans son sac. Des camions-citernes magiques, fièrement garés sur le parking de son palais, sont prêts à inonder Tana de leur précieux liquide. Plus besoin de faire la queue pendant des heures pour remplir nos bidons jaunes ! Et pour les délestages de la JIRAMA, c’est simple comme un coup de fil : « Vous avez 3 semaines ! », ordonne-t-Il. Et hop, la lumière fut ! Pratique, non ?
Mais attention, pour coordonner tout ce petit manège, un grand centre de commandement sera créé. De quoi faire rêver les amateurs de films d’espionnage… et de quoi en mettre plein la vue aux électeurs, bien sûr.
Cependant, ne nous y trompons pas. Ces solutions miracles ne sont que des pansements sur une plaie béante. Des rustines sur un pneu crevé. Elles ne résolvent en rien les problèmes structurels de fond qui gangrènent notre système de distribution d’eau et d’électricité depuis des décennies. Mais peu importe, l’essentiel est de faire illusion, de jeter de la poudre aux yeux des Tananariviens crédules, prêts à se laisser séduire par des promesses en l’air. De l’eau aujourd’hui, mais jusqu’à quand ? De l’électricité cette semaine, mais pour combien de temps ? Il joue avec nos espoirs, tel un prestidigitateur de bas étage, sans se soucier des lendemains qui déchantent. Triste réalité d’une politique de court terme, qui sacrifie le développement durable de notre cité sur l’autel des ambitions électoralistes.
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Noël avant l’heure dans les hôpitaux
Mais ce n’est pas tout ! Notre cher leader a plus d’une corde à son arc. Tel le Père Noël en personne, il débarque dans un CHU avec, dans sa hotte, un magnifique scanner flambant neuf, made in Japan s’il vous plaît. Les patients n’en croient pas leurs yeux !
Et ce n’est pas fini : cancer du sein, cancer de l’utérus… Il vous offre le dépistage sur un plateau d’argent. Plus besoin de vous ruiner en examens médicaux, il pense à tout. Mais quelle générosité ! Les mauvaises langues diront que c’est louche, cette soudaine préoccupation pour la santé des Tananariviens à quelques mois des élections. Mais non, voyons, c’est juste une coïncidence…
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Mais à qui profite vraiment cette générosité soudaine ?
Justement, parlons-en de ces élections. Ne trouvez-vous pas que cette soudaine prodigalité tombe à pic ? Étrange timing, n’est-ce pas ? Se pourrait-il que notre grand leader soit en train d’essayer d’acheter les voix des habitants de la capitale à coups de cadeaux et de promesses ? Que nenni, il est au-dessus de tout soupçon, voyons !
Et l’argent pour financer tout ça ? Pas de problème, les caisses de l’État sont grandes ouvertes. Après tout, c’est notre argent, chers Tananariviens. Autant qu’il serve à quelque chose, non ? Comme par exemple, à asseoir le pouvoir de notre leader bien-aimé.
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Et pendant ce temps dans son grand palais, il se frotte les mains…
Les mois à venir nous diront si cette grande « opération charme » porte ses fruits et permet à son parti de conquérir la mairie tant convoitée d’Antananarivo et de sa fameuse Place du 13 mai. En attendant, profitons de ses largesses, de l’eau qui coule à flots et des scanners dernier cri. C’est toujours ça de pris, n’est-ce pas ?
Mais ne nous y trompons pas. Derrière chaque camion-citerne, derrière chaque nouveau scanner, se cache une stratégie politique bien rodée. Il avance ses pions, tel un joueur d’échecs rusé, prêt à tout pour garder le contrôle de la Ville des Milles.
Alors, chers Tananariviens, ouvrez l’œil. Et le bon. Ne nous laissons pas endormir par les chants des sirènes électoralistes. Car, au final, c’est nous qui risquons de payer le prix fort de cette générosité de façade.